Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
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pas si fort animée contre nous, que vostre premier Ministre
tasche de vous rendre de jour en jour ; & qu’il y auoit
quelques heureux moments, ou n’estant pas si fort obsedée
par luy-mesme, ou par ses espions, vous pouuiez
écouter les plaintes des autres miserables de cette mesme
Famille, j’enuoyé aussi-tost le sieur de Blanchefort, pour
vous faire entendre les miennes comme il auoit fait celle
de Madame la Princesse ma belle fille, & pour vous supplier
tres-humblement de m’accorder la seureté de ma
personne, que j’auois esté forcée de venir demander en
vostre absence au Parlement de Paris, contre les violences
du Cardinal Mazarin.

 

I’enuoyé aussi le sieur de Lesbornes à Monsieur le
Duc d’Orleans, pour le faire souuenir que les trois jours
de seureté qu’il m’auoit donnez s’écouloient insensiblement,
sans que personne songeast à ce que ie deuiendrois ;
& pour le conjurer de s’entremettre auprés de vostre Majesté
à faire exaucer les tres humbles supplications que ie
vous faisois de n’estre pas abandonnée au pouuoir insolent
de mes ennemis ; Et pour toute réponse Mardy matin
3. jour de May ie receus de la bouche de Monsieur le Mareschal
de l’Hospital, le commandement rigoureux de
me retirer en diligence en Berry, comme il m’auoit esté
ordonné ; Ie ne douté point, MADAME, que ces ordres
si precipitez, ne feussent vn effet de l’apprehension
qu’auoit le Cardinal Mazarin, que pour euiter sa tyrannie,
ie n’allasse implorer contre luy le secours des Frondeurs,
qui depuis son retour le pressoient viuement pour
leurs interests, & ne luy laissoient que trois jours de delay
pour leurs faire souffrir l’emprisonnement de mes enfans,
de donner aux vns le Gouuernement de Bretagne, & du
Chasteau de Nantes, auec l’Admirauté ; aux autres le
Chapeau de Cardinal, & cinquante mil écus de rente en
Benefices, auec le Gouuernement de l’Isle de France ; à
ceux-cy le Gouuernement d’Auuergne, & du Mont-Olympe ;
à ceux-là la charge de Capitaines des Gardes



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