Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 17 --

moy, reduit à la demander, & à ne la pouuoir obtenir, &
d’auoir esté puny auant mes enfans, par vne prison de cinq
années, du crime d’auoir trop marchandé de perdre son
ennemy, l’ennemy commun du repos de toute l’Europe.
Ie reclame aussi la misericorde de Monsieur le Coadjuteur,
qui l’a presché & qui la fait en public & en particulier à
tout le pauure peuple de Paris. En fin ie n’oubliay ny
priere ny soubmission, enuers tous ceux qui auoient la
puissance d’enteriner ma juste Requeste, & d’ordonner
que conformément à la Declaration du mois d’Octobre
1648. les trois mois passez, tous prisonniers seront interrogez,
& leur procez fait suiuant les anciennes formes.

 

Le Parlement ayant jugé à propos qu’en attendant que
vos Majesté retournassent à Paris, ie me misse en chemin
d’obeïr aux ordres que l’on m’auoit fait de vostre
part ; & que pour marques de mon obeïssance j’allasse à
deux, trois ou quatre lieuës de Paris sur la toute de Berry ;
& Monsieur le Duc d’Orleans ayant donné sa parole
à ces Messieurs que ie pourrois demeurer en toute seureté
au Bourg la Reine, mesme trois jours apres vostre retour,
pendant lesquels il s’emploiroit en ma faueur auprés de
vous, ie m’y retiré dés le Vendredy 29. pour ne pas donner
la moindre prise à mes ennemis, qui en cherchent de
tous costez, pour me rendre criminelle auprés de vostre
Majesté ; & bien que j’aye quitté auec regret cette bonne
Ville, qui m’auoit receuë si charitablement, & d’où j’esperois
tirer quelque soulagement à mes maux, & à ceux
de mes enfans, ie me suis consolée, sur l’esperance que
j’ay euë que j’en serois assez prés, pour vous faire entendre
mes soupirs & mes plaintes, & pour vous prier de mettre
fin à la persecution injuste que j’endure, par la cruauté
de ceux qui abusent tyranniquement de vostre authorité
& de vostre nom.

Le changement de lieu ne fut pas le changement de
mes miseres, mais l’augmentation de mes douleurs ; comme
ie prenois la hardiesse de chercher quelque consolation



page précédent(e)

page suivant(e)