Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 16 --

seroit facile d’exercer apres sur ceux qui ont esté ses oppresseurs,
& que pour perdre plus aisement ceux de leur
Corps, qui sont Frondeurs, & ses veritables ennemis, il
s’en seruiroit adroitement pour ruiner ceux qui ne le sont
pas, & qui ne laissent pas d’estre aussi ses ennemis, puis
qu’ils sont membres de cette Auguste Compagnie qui l’a
condamné ; & qu en fin il n’y auroit ny douceur ny violence,
ny presens ny menaces, ny ruse ny bassesse, qu’il
n’employast tost ou tard pour tirer de leurs Registres (où
il est encore) cet Arrest autant juste que solemnel qu’ils
ont rendu contre luy, & que pour ne l’auoir pas executé
Dieu pourroit permettre vn jour, qu’ils feussent justement
punis par celuy là mesme qui a desia esté le meurtrier secret ;
de Messieurs Gayan & de Barillon, & qui le pouuoit
estre encore de tout le reste de leur Corps.

 

Apres auoir imploré, MADAME, la justice de Messieurs
du Parlement, j’imploré aussi à la porte de la Grand
Chambre la protection de Monsieur le Duc d’Orleans,
qui me receut & m’écouta tres fauorablement soit qu’il
se ressouuint luy-mesme d’auoir esté miserable, & souffert
autrefois la persecution d’vn premier Ministre, par des
Declarations encore plus sanglantes que n’est la Lettre
enuoyée au Parlement contre mes enfans, puis que la derniere
Declaration, extorquée de la bonté du Loy, par les
artifices du feu Cardinal de Richelieu, alloit a le declaree
incapable de la Regence & de la Couronne, le cas y eschant ;
Soit aussi que par sa bonté naturelle, que mes ennemis
tachent de corrompre tous les jours, il se fust laissé
toucher à mes larmes, à mon innocence, & au malheur
de mes enfans, qui pourroit vn jour arriuer aux siens si
Dieu luy en enuoyoit. Ie demandé encor l’assistance de
Monsieur le Duc de Beaufort, luy qui l’a donné si volontairement
à tous les miserables de la ville de Paris, puis
que j’estois de ce nombre, il me l’a promist mesme les larmes
aux yeux ; & parce qu’il est genereux, & parce qu’il
se ressouuient qu’il auoit esté luy-mesme, aussi bien que



page précédent(e)

page suivant(e)