Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
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Chambre, commẽ la plus simple solliciteuse, & ayant rencontré
Monsieur des Landes Payen Conseiller en la grande
Chambre, ie luy presentay mes pleurs & ma Requeste
qu’il prit de mes mains, comme il auroit fait des mains
d’vne autre femme, sans autre consideration que de la justice
& de sa conscience & du deuoir de sa Charge. Il en
fit aussi tost le rapport à Messieurs des trois Chambres, &
fut sur l’heure deputé auec Monsieur Menardeau vers
Monsieur le Duc d’Orleans, & cependant il fut ordonnée
que ie serois mise en la sauuegarde du Roy & de la Cour
dans l’enclos du Palais, chez Monsieur de la Grange,
ou de peur de me rendre suspecte & de faire croire que
j’attendois ma protection d’autre part que de la justice, ie
ne voulus receuoir aucune visite, que celle de mes plus
proches parens, encore qu’il se presentast à la porte de ce
logis vne infinité de personnes de condition qui ne craignoient
point (comme c’est pourtant l’ordinaire) d’approcher
d’vne personne frappée de la foudre & de la colere
d’vn premier Ministre passionné, & qui vouloient encore
rendre quelque hommage d’honneur & de bienveillance,
à celle qui n’auoit plus rien de considerable en sa
personne & celle de ses enfans, que d’estre injustement
persecutée au milieu de son pays, & dans la capitalle du
Royaume, par vn chetif estranger, condamne par Arrest du
Parlement, autant que par la haine vniuerselle de tout le
monde.

 

Le Ieudy & le Vendredy 28. & 29. d’Auril, ie n’eus point
d’autre occupation que de pleurer aux pieds de la Cour, &
d’aller par toutes les Chambres demãder seureté pour ma
personne en la ville de Paris, contre les violences du Cardinal
Mazarin, & la liberté de poursuiure la justificatiõ de
mes enfans, faits prisonniers contre toutes les formes, &
detenus encore plus injustement depuis trois mois.

Ie priay ces Messieurs qui sont les Souuerains Dispensateurs
de la justice, que le Roy doit à son peuple, de faire
executer la Declaration du mois d’Octobre 1648. que vous



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