Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
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heure il luy promettoit d’auoir vn fidel soin, non seulement
de ses interests, mais encore de ceux de ses amis, &
specialement du Marquis de Beuuron.

 

Cinq ou six jours enuiron deuant sa prise, afin de l’appriuoiser,
& de le faire venir quelquefois à Paris, il luy
enuoya dire en grande diligence comme vne bonne nouuelle,
que vostre Majesté auoit fait la grace au Marquis de
Beuuron de luy accorder le Breuet de Duc qu’il luy auoit
demandé, & que pour le faire passer au Conseil sans que
Monsieur le Duc d’Orleans aportast quelque empeschement,
il falloit prendre vn jour fauorable qu’il ne s’y trouueroit
pas ; il fait en sorte que son A. R. feignit d’estre malade
durant huict ou dix jours, afin d’obliger Monsieur de
Longueuille à venir au Conseil pour ce Breuet, & de peur
qu’en attendant qu’il y vint & qu’il s’y rencontrast auec
ses deux beaux-freres, Monsieur le Prince ne s’accommodast
auec Monsieur de Beaufort & les autres Frondeurs,
& qu’apres cela ils ne le poursuiuissent tous comme
vn accusateur, il fist promettre au Prince de Condé le
Samedy matin trois jours deuant sa prise, qu’il n’entenderoit
à aucun accõmodement, luy disant que vostre Majesté
vouloit donner satisfaction aux vns & aux autres, &
establir entr’eux vne bonne paix. Asseuré qu’il est de la
parole de mon fils, qu’il sçauoit bien estre plus inuiolable
que la sienne, il enuoya prier Monsieur de Longueuille de
venir au Conseil pour le Breuet de Duc promis à Monsieur
de Beuuron, & de se seruir de l’occasion fauorable
que donnoit labsence & la maladie de Monsieur le Duc
d’Orleans pour le faire passer ; & pour obliger plus ce
Prince & les deux autres à venir au Palais Royal, il fist
feindre à V. M. dés le Samedy quelque indisposition qu’il
vous fist continuer le Dimanche & le Lundy, afin que
venant tous trois ensemble, ou pour le Conseil, ou pour
vous rendre visite, il les peust faire arrester.

Il manqua son coup le Samedy, le Dimanche, & le Lundy
17. Ianuier, ne les ayant pas trouué par hazard tous trois



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