Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
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Frondeurs ses anciens ennemis, s’ils estoient conuaincus
de l’assassinat, ou de perdre Monsieur le Prince par le
moyen des Frondeurs, s’ils en estoient renuoyez absous.

 

Il faut auouer, MADAME, que si vostre Ministre
n’est gueres habile à conduire sagement vn Estat, qu’il
ne l’est que trop à conduire vn crime à sa perfection. Deux
mois auant que de le mettre au jour, il dit à Monsieur le
Prince, auec toutes les marques d’vne affection sincere,
qu’il estoit bien auerty qu’on vouloit attenter dessus sa
personne, & qu’il y prist garde, & quelque temps apres
pour ne paroistre pas l’inuenteur de ce faux auis, il fist en
sorte par des detours qui ne me sont pas connus, que
Monsieur le Duc d’Orleans, & puis Monsieur l’Abbé de
la Riuiere, luy confirmassent à differentes fois la mesme
chose, afin de le disposer de longue main à croire vn peril
que son courage & sa naissance ne luy auoient pas encore
permis d’apprehender.

Enfin apres plusieurs remises, ce Cardinal attendant
tous les jours quelque occasion fauorable, pour faire paroistre
vn assassinat contre mon fils, il n’en trouua point
de plus propre que le jour de la sedition excitée dans Paris,
afin qu’il luy parust plus vray semblable, & qu’il se
laissast mieux persuader que ceux qui le matin n’auoient
peu l’enueloper auec toute la Maison Royale par vne emotion
populaire, auoient voulu le soir, pour reparer leur
faute, le perdre par vne conjuration particuliere, comme
celuy qui en estoit le principal protecteur. Ayant donc
sur les sept heures du soit fait assembler sur le Pont neuf,
au nom de Monsieur de Beaufort, plusieurs gens armez, à
qui l’on disoit de sa part, pour auoir sujet puis après de
l’accuser, que c’estoit pour tuer Monsieur le Prince quand
il viendroit à passer, comme il faisoit toutes les nuicts,
pour s’en aller à son logis ; il en auertit à mesme temps
Monsieur le Prince à l’entrée du Conseil & le fit encore
auertir par V. M. son A. R. Royale, Monsieur l’Abbé de
la Riuiere, & Monsieur de Seruient, (dont ie garde encore



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