Mercœur [signé] [1649], RESPONCE DE MONSIEVR LE DVC DE MERCOEVR A la Lettre de Monsieur le Duc de BEAVFORT SON FRERE. , françaisRéférence RIM : M0_3408. Cote locale : C_3_13.
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Palais, les cabinets, les raretés, les magnificences,
les pompes, & les grandes charges sont capables
d’esmouuoir vn cœur de rocher, & non pas celuy
du lyon, vous me permettrez, Monsieur & tres-cher
Frere, d’inserer dans la presente mes iustes
plaintes, & de vous dire que les richesses sont vn
mal que ie ne souhaitte point, principalement au
preiudice de ma grandeur, les thresors sont la recompence
des peuples, & la peine des Princes, iamais
vn Prince n’est plus malheur eux, que quand il
est riche tesmoin, Cresus & Midas, & ie crois que
vous ne doutez point que tous les biens de la fortune
du Cardinal Mazarin est aussi bien de nostre
domaine, que celuy de nos Anceptres, & que
par consequent ie ne doit pas, selon le droit & la
raison, ternir par vne alliance le lustre de ma race
par vne simple restitution, ie vous coniure de me
pardonner, ie vous ose dire que vous auez tort de
vous meffier de ma conduite, la clarté de la Lune
est plus grande en son deffaut que dans sa plenitude,
& la grandeur de mon cœur est plus grande
dans le rabbais de la fortune, que si ie possedois
toutes ses graces imaginables, le temps est inconstants,
la fortune change de face, l’honeur & la
vertu demeurent tousiours en vn estat permanant,
l’honneur domaine sur le temps, la vertu, sur la


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