de la race des Roys aussi bien que vous, encore qu’il
ne tint pas rang de Prince dans la Cour de Saül en
son bas âge ; & Dieu qui auoit destiné ce grand cœur
pour porter le Sceptre du Royaume d’Israël contre
toutes les apparences humaines, voulut que tout fust
merueilleux en sa personne, & que Dauid ne fist rien
que par les soins, les mouuements, la conduite d’vne
Prouidence eternelle, qui auoit resolu de l’éleuer
dessus le Trosne, & le rendre vn Chef d’œuure parfait
de ses mains, comme de sa puissance.

Ouy, MONSEIGNEVR, quand ie considere le
rang que Dauid tenoit parmy ses freres, sa premiere
& secrette election à la Royauté, son arriuée à la
Cour de Saül, ses combats, ses victoires, les affections
extraordinaires que les peuples luy portent, l’enuie
que le Roy conçoit contre luy à cause de sa vertu, &
de sa valeur, son courage inuincible dans les aduersitez,
sa constance dans les persecutions, sa generosité
à pardonner à ses ennemis, sa pieté, sa retraicte aux
Autels dans ses plus violentes disgraces : Ie trace sans
doute quelques caracteres muets de vôtre, vie & represente
dans le portrait de ce Prince, la veritable
Idée de vos incomparables perfections. De sorte,
MONSEIGNEVR, que comme il y auoit autre fois vn
Echo qui respondoit Philosophie, lors que l’on prononçoit
le nom de Platon, voulant dire qu’il n’y
auoit point de difference entre luy & la Sagesse :
qu’ainsi de mesme nous pouuons dire que vos actions
sont celles de Dauid, & les siennes, les vostres.

Dauid, MONSEIGNEVR, estoit le plus ieune,
& le moins aymé de ses Freres, & lors que le Prophete
Samuël fut en la maison d’Isay leur pere, à
dessein d’executer ce que Dieu luy auoit commandé,
touchant l’élection d’vn Roy pour l’Empire d’Israel,
contenoit si peu de conte de sa personne, qu’à peine
son pere le mettoit au nombre de ses enfans ; & fallut