Mercier,? [signé] [1649], PARALLELLE DE MONSIEVR LE DVC DE BEAVFORT AVEC LE ROY DAVID. Saul percussit mille, Dauid autem decem millia, quia manus Domini erat cum illo. , françaisRéférence RIM : M0_2679. Cote locale : C_6_52.
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de leur sang pour le seruice & la defense du vostre.
Non, MONSEIGNEVR, nous n’apprehendons
aucunement ny les forces, ny les artifices des ennemis,
il faut que des millions d’ames perissent auparauant
que la vostre aye du mal : Vous regnez & viuez dans le
cœur de tous les François, vous ne pouuez rien craindre ;
& quand mesme vostre Vertu victorieuse ne seroit
pas tousiours inuincible, la mort non plus que la
fourbe, n’oseroient vous attaquer dans vn lieu où vous
trouuerez à iamais de la vie & de la sincerité.

 

Dauid estant persecuté de Saul, se retire dans la ville
de Ceila, pensant y estre en asseurance : mais comme
la passion d’vn Prince ne desiste iamais qu’elle ne soit
entierement vangée, le Roy sçachant qu’il y estoit, ne
manqua pas à l’instant mesme de la faire assieger, & se
resoudre plustost à la perdre, que de laisser Dauid en
repos, Dauid se voyant enfermé, & hors d’esperance
de pouuoir eschapper des mains de son ennemy, a recours
aux Autels, il conjure la bonté de Dieu de l’assister
en cette extremité, & ne pas permettre que Saul
le fasse mourir. Il consulte l’Oracle du Ciel, sçauoir si
le Roy prendra la ville aussi bien que sa personne, &
l’Oracle luy respond que oüy : neantmoins Dauid perseuerant
dans ses prieres, comme il continuë à respandre
des larmes, reçoit d’enhaut de puissantes inspirations
d’eschapper des mains d’vn cruel, qui cherche à
luy oster la vie. En effet, il se sauue la nuict de la ville
de Ceila, & fait assez connoistre que sa sortie n’est pas
moins miraculeuse, que ses desseins sont innocens, &
ses persecutions injustes.

Ie puis dire, MONSEIGNEVR, que vostre emprisonnement
dans Vinciennes a esté la plus violente de
vos disgraces : mais aussi nous sommes asseurez qu’il a
esté l’entreprise la plus funeste de vos ennemis, puis
que Dieu ne l’a permis que pour confondre leur insolence,
& pour faire admirer vostre Vertu. Dans cét



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