Mercier,? [signé] [1649], LETTRE D’ESTAT DE MONSIEVR MERCIER ENVOYÉE A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_1846. Cote locale : A_5_16.
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par les mains de ses Prophetes. D’ailleurs les nations
n’ont pas tousionrs esté gouuernées par des
Roys. Le peuple d’Israël, n’eust long-temps que
des Iuges qui luy commandoient, & Dieu se fascha
contre luy de ce qu’il l’auoit obligé de luy
donner vn Roy. L’Empire de Rome, le chef du
monde, & la gloire de l’Vniuers, ne fut iamais
plus heureux ny plus [1 lettre ill.]orissant que quand il eust
des Senateurs qui le gouuernoient : Pour lors les
loix y estoient fidelement obseruées, la vertu estoit
en estime, & le vice en horreur, & sainct Augustin
asseure que Dieu le rendit victorieux de toutes les
nations, & le fit subsister long-temps dans l’eclat
d’vne grandeur immense, parce que les vertus morales
y estoient pratiquées. Mais deslors qu’il commença
d’auoir des Cesars, il tomba dans tous les
desordres imaginables, & de douze qu’ils ont esté
à peine s’en trouue-t’il trois qui ayent regné auec
moderation. Ie veux dire, MADAME, que vous
deuez, s’il voust plaist penser, que les Roys & leurs
Royaumes ne sont pas immortels, & qu’il est à
craindre qu’eux-mesmes, ou par passion, ou par
aueuglement, ne les precipitent dans le dernier
periode de leur ruine. Vous sçauez que le Royaume
de France a déja changé de race par trois diuerses
fois, prenez garde qu’il ne change pour la
quatriesme, & qu’en destruisant par des guerres
intestines vos propres sujets & vos enfans naturels,
vous ne mettiez le domaine du Roy en proye aux


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