Magnien, Charles [signé] [1649], REFLEXIONS CONSCIENCIEVSES des bons François, SVR LA REGENCE DE LA Reyne. , français, latinRéférence RIM : M0_3061. Cote locale : C_9_19.
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ny Princes, ny Magistrats, & que par malice, ou
par mal-heur, leurs Royales personnes pouuoient
courir risque, & en suitte le Royaume
seroit en proye ; elle a crû prudemment faire
mieux de sortir ; afin de conseruer le Roy & sa
personne pour le bien de la France, disant
comme Demosthene, lors qu’il fuioit des combats,
à cause qu’il se cognoissoit plus necessaire
pour la deffence de sa patrie, seruo me patriæ.
Partant quiconque mettra la main à la conscience
recognoistra la justice de la Reine.

 

D. Ambros.
Fuga illa trames
erat innocentiæ,
pietatis assumptio,
& virtutis
via.

D. Bernardus ;
Fuga sanctorum
non est crimen
fugientis, sed
pœna persequentis.

Il faut aduoüer pourtant que sa Majesté vse
de plus grande clemence que de justice, & plus
de douceurs que de rigueurs, imitant la diuine
Majesté, plus misericordieuse que rigoureuse :
elle sçait, comme dit Seneque, que la clemence
est plus seante au Prince que la vangeance,
d’autant que celle là retient la haine
de peu, irrite celle de plusieurs, & celle-cy
gaigne le cœur d’vn châcun, appuit les
Royaumes & orne les Couronnes. Iamais Senesius
n’a peu dire auec tant de verité de Theodose,
que cét inuincible Empereur, toûjours
victorieux de ses ennemis, ne se laissoit vaincre
que par la seule misericorde ; comme la France
doit confesser ingenuëment, que la Reine
triõphante de ses aduersaires, ne sçait plier qu’à
la clemence : les disgraciez de la Cour, les prisonniers,
les affligez, persecutez, & ses ennemis



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