M. L. [signé] [1649], RESPONCE, ET REFVTATION du Discours intitulé. LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, PAR VN PROVINCIAL. , françaisRéférence RIM : M0_3443. Cote locale : A_8_79.
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Or pour luy donner toute sa vigueur, il la faut
poser en vn suiet, la rendre indiuisible de sa personne, &
par elle seulement communicatiue à ceux qui sont establis
pour se soulager. Le suiet donc où il faut que cette
Puissance reside, est celuy qu’on appelle Monarque. C’est
ainsi que le gouuernement vniuersel est aux mains de
Dieu, qui en est le seul Souuerain, & qui domine toute
la terre, independant de tous les autres estres. Sur ce modele,
non seulement beau, mais aussi bon & le plus parfait
qui nous puisse instruire, il faut que toutes sortes de
gouuernemens se reglent ; delà vient aussi que tous les sages
Politiques n’ont pû comprendre autre gouuernement
parfait que le Monarchique Royal ; pource qu’il est
le seul tiré apres le naturel d’vn original infaillible. Car
tout de mesme que Dieu (s’il nous est permis de luy comparer
quelque chose) par sa sagesse & sa bonté infinie,
conduit l’Vniuers auec iustice & misericorde, & qu’il a
toute puissance, & sur les corps & sur les ames, comme
Roy vniuersel ; non seulement en estenduë d’Empire,
mais aussi en grandeur de Puissance, sans quequoy que
ce soit qui luy obeïsse, ait sur luy aucun droit, ny de force,
ny de Iustice ; de mesme le Roy Monarque, gouuerne ses
Sujets auec iustice & douceur, & a sur eux puissance absoluë,
sans qu’ils ayent contre luy aucun droict, ny de iustice,
ny de force tant qu’il est Roy.

 

Cette puissance est tellement iuste qu’en sa petitesse
elle n’est en rien differente ny de la puissance surnaturelle,
ny des naturelles. Car comme nous le venons de voir,
elle est absolument conforme & reglée sur celle-là de
Dieu, qui consideré en son action immediate est vn Monarque
surnaturel : Elle est tout de mesme conforme à la
nature, qui estant creée de Dieu, ne manque pas de suiure
le branle que luy donne son autheur : Or il ne luy establit
point vn ordre different du sien, consideré primitiuement,
ce n’en est seulement qu’vne suite. Et de fait, nous
voyons qu’vn seul mobile emporte tous les autres Cieux,



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