M. L. [signé] [1649], RESPONCE, ET REFVTATION du Discours intitulé. LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, PAR VN PROVINCIAL. , françaisRéférence RIM : M0_3443. Cote locale : A_8_79.
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mauuaises paroles, ny mesme de mauuaises pensées, qui
nous permettra de mauuaises actions, & par quelle Loy
sommes-nous liberez de leur puissance comme vous le
dites ? Ie ne trouue point en toute la Sainte Escriture d’abrogation
de cette Loy inuiolable qui nous oblige continuellement
à nos Souuerains. Au contraire ie voy par
tout que leur puissance & nostre suiection sont determinées,
que Dieu les declare absolus sans condition.
Ne te precipite point de te retirer de deuant la face du Roy, dit
encore l’Ecclesiaste, & ne perseuere point en chose mauuaise,
car il fera tout ce qu’il luy plaira. S’il ne met point d’exception
en sa puissance, en disant, tout, comment Politiques
criminels auons-nous l’audace d’y poser des bornes ?
comment osons-nous examiner des actions si releuées au
dessus de nous, encore qu’elles nous touchent, puisque
le mesme continuë tousiours de dire à leur auantage :
En quelque lieu qu’est la parole du Roy, là est la puissance ; & qui
luy dira : que fais-tu ? S’il ne nous est pas permis de dire au
Roy : que fais-tu ? Ie vous laisse à penser s’il nous est seant
de nous absoudre du serment de fidelité que nous leur
auons fait : de cesser d’estre Suiets, & dire qu’ils peuuent
cesser d’estre Monarques. Mais vous me direz peut estre
que toutes ces choses que i’allegue en leur faueur, & que
i’ay prises dans les Saintes Lettres, sont dites des bons
Roys & non pas de ceux desquels l’authorité dégenere
en tyrannie. Encore voudrois-ie, si ie faisois cette obiection,
monstrer d’autres lieux où il fust parlé des tyrans &
où il fust dit qu’on n’est point obligé de leur rendre l’obeïssance.
Ce qui estant impossible, il s’ensuit que ces
choses demeurent pour toutes sortes de Roys autant des
bons que des meschans. Il est pourtant bien parlé des
mauuais Princes, il en est bien dit : Le dominateur méchant
sur vn Peuple chetif est comme vn Lyon rugissant & vn Ours
questant sa proye. Le Conducteur ayant faute d’intelligence, fait
beaucoup d’extorsions. L’indignation des Roys nous est
bien en diuers lieux representée ; mais ie ne voy point où


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