M. L. [signé] [1649], RESPONCE, ET REFVTATION du Discours intitulé. LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, PAR VN PROVINCIAL. , françaisRéférence RIM : M0_3443. Cote locale : A_8_79.
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car aussi souuent par ce moyen fléchit on les cœurs
les plus durs : Et c’est à peu prés ce qu’entend Salomon
dans ses Prouerbes, quand il dit : la fureur du Roy ce sont
autant de messagers de mort, mais le Sage l’appaisera.
S’il est tousiours cruel apres ces remontrances, apres ces
prieres, apres ces raisons, imitons ces trois genereux enfans,
& mourons sans fremir de l’horreur des supplices,
estans rasseurez par la Iustice de nostre perseuerance.
Que si nous pouuons échapper à ces inhumanitez qui
quelques fois ont fait trembler les ames les plus hardies,
fuyons, comme nous auons vû que Dauid fuyoit la persecution
de celuy qui demandoit sa vie. C’est tout ce que
nous auons à faire en ces occasions déplorables ; Car le
murmure, les soûleuemens, les rebellions sont choses défenduës.
Mon fils, dit Salomon dans ses Prouerbes,
crains Dieu & le Roy, & ne t’entremesle point auec Gens
remüans ; car leur calamité s’éleuera soudain, & qui
sçait l’inconuenient qui arriuera à ces deux-là ? Comme
s’il eust voulu dire, & qui peut comprendre la colere de
l’Eternel contre ceux qui le mépriseront & qui s’éleueront
contre le Roy. La terreur du Roy, dit-il ailleurs,
est comme le rugissement d’vn ieune Lyon, & qui se colere
contre luy peche contre soy-mesme ; & la langue Hebraïque
porte, contre son ame. Ainsi il nous exprime assez
que nonobstant la colere & la fureur du Souuerain,
mesme de cette colere & de cette fureur si terrible qu’il
la compare au rugissement d’vn ieune Lyon, nous ne
pouuons nous irriter contre luy, à peine de deuenir criminels,
comme il l’exprime par ces termes, de pecher
contre son ame.

 

Prouerb.
16. 14.

Prouerb.
24. 21 22.

Prouerb.
20. 1.

Et de fait les personnes Royales sont si sacrées & si inuiolables
que l’Ecclesiaste ne veut pas mesme qu’on die
mal du Roy dans la pensée ; Et c’est ce qui auoit esté auparauant
défendu en Exode, où il est dit : tu ne mediras
point des Iuges, & ne maudiras point le Prince de ton Peuple. Si
doncques nous ne deuons pas auoir pour nos Roys ny de



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