M. L. [signé] [1649], RESPONCE, ET REFVTATION du Discours intitulé. LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, PAR VN PROVINCIAL. , françaisRéférence RIM : M0_3443. Cote locale : A_8_79.
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enuers son Roy, quoy que cruel, quoy que Tyran, quoy
que son ennemy ; si apres l’auoir pleuré il ne le venge encore,
& ne le venge de celuy qui sembloit estre innocent
de son trespas, puis que son meurtre & son inhumanité
n’auoient esté qu’vn effet de son obeissance ; & nous serons
bien assez mal-heureux pour nous imaginer qu’vn
Roy violent peut estre renuersé du Thrône, pour estre
en butte à la Iustice de ses Suiets ; qu’il peut perdre sa
qualité, qu’on peut luy oster le Royaume ? Il faut donc
acheuer le reste, & dire sans feindre dauantage, que l’on
peut luy oster la vie. Conclusion qui fait fremir la Nature,
& qui n’est pas moins audacieuse ny moins criminelle
que celle qui concluroit d’arracher le Soleil de l’Vniuers,
pour ce qu’au lieu d’éclairer comme c’est son
Office, il fait suer les hommes en quelques lieux, il les
brule, en d’autres, & dépeuplant ainsi plusieurs païs, il
forme d’affreux deserts, des vastes & des ardantes solitudes.
Conclusion toutefois, Monsieur, qui toute affreuse,
& toute scandaleuse qu’elle est, suit immediatement
apres celle que vous auez tirée. Car n’est-il pas vray que
si le Roy qui mal-vse de son pouuoir, cesse d’estre Roy,
que doncques il deuient personne priuée ? or si vous le
rendez tel, & que cependant vous ne luy ostiez point
son crime, en luy ostant sa puissance, n’est-il pas vray que
vous faites d’vn Roy violent, vn particulier coupable ?
ainsi vous le conduisez du Thrône à l’échaffaut par vos
maximes temeraires, & faites sans y penser l’Apologie
des bourreaux d’Angleterre : Mais ie n’oppose contre
vne Apologie si solitaire que la voix de tout l’Vniuers,
qui semble crier contre ces meurtriers inhumains, que
l’horreur qu’ont de ce coup barbare toutes les ames raisonnables,
& le solemnel & l’éclatant desadueu de tous
les Suiets à vn sacrilege si épouuantable. Ce seroit trop
de chercher d’autres raisons pour le confondre. Ie ne
veux point auoir de paroles dauantage pour nommer seulement
vn attentat si detestables ; outre la mort d’vn Roy,


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