M. L. [signé] [1649], RESPONCE, ET REFVTATION du Discours intitulé, LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. PAR VN PROVINCIAL. , françaisRéférence RIM : M0_3443. Cote locale : C_3_32.
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sans qu’ils ayent aucune action pour luy resister. Tous
les Agents naturels agissent dessus les Patiens souueraiment,
& lors qu’il se rencontre quelque conflict de qualitez,
ce n’est plus guerre d’Agents & de Patiens, mais plustost
combat de seuls Agents : aussi est-ce de là d’où naissent
tous les desordres de la nature, & qu’il feroit mauuais
prendre pour exemple dedans l’Estat. D’où vient que
la prouidence de Dieu a separé les Elemens, qui de leur
égalité de forces & de qualitez contraires ne pouuoient
entretenir l’Vniuers que dans le Chaos. La raison de cecy
est belle & bien facile à comprendre : c’est que dans la
diuision de la puissance, la discorde ne manque point de
se trouuer : & c’est la ruïne de toutes choses ; car comme
les sympathies & l’amour en la nature sont les causes produisantes ;
la haine & les antipathies sont les veritables
desolatrices de l’Vniuers. Or cette fille maligne qui fut
la cause de la ruïne de Troye, ne se mesle point dans le
Gouuernement d’vn seul. Il ne peut arriuer qu’vn seul se
depite, s’anime, & se courouce contre luy mesme, au
contraire la diuision de ses suiets, s’euanoüit & s’appaise
par ses commandemens, & c’est luy qui dissipe comme le
Soleil, tous les nuages qui preparent des foudres au dessus
de luy.

 

Le Gouuernement d’vn seul iuste Monarque est donc
infailliblement le seul conforme aux Loix de l’vniuers.
Si peu que la puissance Souueraine se destourne, ou à
droit, ou à gauche, elle peche & choque cet ordre diuin.
Quand elle deuient Aristocratique ou Democratique,
elle diuise ce que Dieu & la nature ont vny : Et c’est en
quoy ces sortes de gouuernemens sont pechans, comme
ie le ferois voir par vne infinité de raisons, si c’estoit la
matiere dont ie veux traiter ; & suffit que ie die qu’en
mille occasions il a fallu que ces Republiques deposassent
cette Souueraineté entre les mains d’vn seul, n’esperant
plus de salut que du gouuernement monarchique,
& recognoissant par cét adueu l’imperfection du leur.

Contre les
Republiques
& les
tyrannies.

Quant ie
dis Dieu
& la nature,
ie ne distingue
point l’vn
d’auec
l’autre, ce
n’est que
pour establir
vn ordre
en parlant.



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