Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1650], LETTRE DV ROY, SVR LA DETENTION DES PRINCES DE CONDÉ ET DE CONTY, & Duc de Longueville. Enuoyée au Parlement le 20. Ianuier 1650. , françaisRéférence RIM : M0_2197. Cote locale : D_2_35.
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vn azile pour tous les crimes qui se commettoient :
C’a esté alors qu’il a commencé a demander generalement tout
ce qui vaquoit de quelque nature qu’il pût estre ; Qu’en toutes occasions
autant petites que grandes, il a mis le marché à la main,
& menacé de quitter tout, de se cantonner, & de se mettre à la
teste de ceux qui seroient contre nous : Enfin, ç’a esté alors que
pour faire mieux paroistre sa puissance & sa fermeté pour les personnes
qui entroient dans ses interests, il ne s’est pas contenté
d’obtenir des graces, mais il a mieux aimé que le monde crût
qu’il nous les arrachoit par violence : Tesmoin le Gouuernement
du Pont de l’Arche qu’il voulut emporter de haute lutte & à iour
nommé : sans quoy, il nous fit entendre qu’il alloit allumer vn
nouueau feu dans l’Estat : Mais parce qu’il reconnut bien que la
demande qu’il faisoit de cette place estoit fort odieuse, & generalement
desapprouuée dans le monde, il publia d’abord qu’il ne
poursuiuoit la chose qu’à cause qu’il s’estoit engagé de parole au
Duc de Longue ville de la luy faire auoir, declarant au reste qu’il
ne seroit pas excusable, si estant comblé de nos biens-faits de toutes
façons, & si ayans de plus grands establissemens qu’aucun
Prince n’a eu en France depuis l’Origine de la Monarchie, il pretendoit
iamais rien ny pour luy ny pour les siens apres cette affaire
là acheuée. Nous nous portasmes donc encore dans cette occurrence
là, à contenter son impetuosité, nonobstant la maniere dont
il en auoit vsé, afin de luy oster tout pretexte de broüiller. Mais
quoy que l’accommodement de ceste affaire eust passé par les
mains de nostre tres-cher Oncle le Duc d’Orleans, qui voulut
en estre l’entremetteur pour conseruer la tranquillité publique :
il se trouua le lendemain qu’on n’auoit rien aduancé, & que
ce n’estoit pas le mesme homme qui le soir d’auparauant auoit
tesmoigné vne entiere satisfaction à nostre-dit Oncle, & donné
sa parole de bien seruir. Il reprit le iour suiuant ses premieres froideurs,
& tesmoigna disposition à faire pis, pour extorquer de nous
quelques nouueaux aduantages ; ne se voulans plus souuenir de la
Declaration qu’il auoit solemnellement renouuellée, de ne pretendre
iamais rien apres le Pont de l’Arche accordé. Enfin, la
Reyne lassée de tant de recheutes, & voulant, s’il estoit possible,
couper pour vne bonne fois la racine de toute mes-intelligence,
le fit presser de s’expliquer nettement de ce qu’il desiroit pour
viure en repos & dans son deuoir : Surquoy ayant declaré qu’il auoit
conçeu de l’ombrage de quelques alliances, (ausquelles neantmoins


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