Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1650], LETTRE DV ROY, SVR LA DETENTION DES PRINCES DE CONDÉ ET DE CONTY, & Duc de Longueville. Enuoyée au Parlement le 20. Ianuier 1650. , françaisRéférence RIM : M0_2197. Cote locale : A_9_38.
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prez celle du Duc de Brezé. Auec tout cela nous resolumes de
faire encor vn dernier essay de le contenter, esperant tousiours que
l’âge tempereroit ses excez & son ardeur immoderée de s’éleuer :
Et afin de luy oster vne fois pour toutes, par quelque grande grace
toute occasion d’en demander d’autres, nous comblasmes la
mesure de tout point, & sur les promesses qu’il nous renouuella
de ne iamais rien pretendre, Nous luy accordasmes vn nouueau
bien-fait qui surpassoit en quelque façon tous les autres, qui fut
d’adjouster à toutes les places de Bourgongne & du Berry qu’il
auoit desia & à Stenay, celle de Clermont auec le don en propre
de tout le Domaine, & de ceux de Stenay & de Iamets qui valent
bien prez de cent mille liures de rente. Nous auons depuis cela
accordé à nostre Cousin le Prince de Conty l’entrée dans nos Conseils
à l’âge de vingt ans (quoy que son frere & son beau frere l’y
eussent desia) cent mil liures de pension, la place de Damvilliers,
dont il a fallu donner récompense au sieur Danevoux qui en estoit
pourueu, & estably sous son nom diuers Corps de troupes de caualerie
& d’infanterie : Nous ne parlons point de tant d’autres diuerses
graces que nous auons continuellement départies à nostre
Cousin le Prince de Condé, & capables seules de satisfaire plainement
tout esprit tant soit peu reglé, comme de sommes d’argent
considerables que nous luy auons données châque année, & toutes
les augmentations de pensions pour luy ou pour sa famille, &
pour ses proches qu’il a demandées. Nous ne parlons point de la
consideration que nous auons tousiours faite de ses prieres, des
Breuets de Ducs, des promotions de Mareschaux de France, de
tant d’emplois de guerre, de tant de Charges militaires, & autres
de toute nature, les Abbayes & Eueschez, & de diuers Gouuernements
de Places donnez sur sa recommandation, à des personnes
qui s’attachoient à luy. Enfin, Nous appellons Dieu à tesmoin, qu’il
n’y a diligence imaginable que nous n’ayons pratiquée & à son
égard, & auec ceux qui pouuoient auoir quelque part dans sa confidence
pour fixer son esprit & pour le contenter. Et sur ce sujet
nous sommes obligez de tesmoigner que nostre tres cher & tres-amé
Oncle le Duc d’Orleans, preferant le repos de l’Estat & le bien
de nostre seruice à tout autre interest & consideration particuliere,
nous a luy mesme portez tousiours dans ces sentimens, & contribué
beaucoup par ce moyen aux auantages dudit Prince & à toutes
ses satisfactions. Mais tout a esté inutile, nulle grace, nulle
application, nulle confiance n’ayant esté capable de mettre des


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