Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1649], LETTRE DV ROY AVX GOVVERNEVRS DES PROVINCES: Sur ce qui s’est passé avec les Députez venus de Paris le 25 Février 1649. Et les responses faites ausdits Députez. , françaisRéférence RIM : M0_2141. Cote locale : A_1_18.
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Response de Sa Majesté ausdits Députez &
à eux donnée par escrit.

LE ROY estant en son Conseil, par l’avis de la Reine Régente sa Mere
présente, où estoyent aussi Monseigneur le Duc d’Orleans, Monsieur
le Prince, & autres notables Personnages dudit Conseil, délibérant
sur ce qui luy a esté représenté par les Députez de la Compagnie, se disant
tenir le Parlement de Paris, a commandé la présente réponse leur
estre bailléé.

Sa Majesté auroit eu tres-grande raison de n’admettre pas à sa présence
lesdits Députez, ayant chaque jour de nouveaux sujets d’estre plus indignée
contre leurdite Compagnie, & en celui-cy notamment dont ils
viennent de luy rendre compte, & dont elle avoit desia eu l’avis, d’avoir
receu vn. Envoyé de la part des ennemis de l’Estat.

Sa Majesté est d’ailleurs tres-bien informée des allées & venuës qui
se sont faites de Paris à Bruxelles, du sujet de la venuë de S. Ibard & de
Sauvetat : dont le premier est avec le Duc de Longueville, & l’autre est
icy prisonnier, apres s’estre abouchez avec la Duchesse de Chevreuse, &
avec des Ministres d’Espagne.

Elle sçait que Légue envoyé à Bruxelles par quelques particuliers qui
ont conjuré la ruïne de l’Estat, en tant qu’elle pourroit dép?dre de leur
malice ; a esté celuy qui a recherché & fait résoudre l’Archiduc & le Cõte
de Pégnaranda qui le conseille, d’envoyer vne personne expresse à ladite
Compagnie, avec vne simple lettre dont la créance seroit faite à Paris
mesme, par ceux qui l’avoyent envoyé, selon l’estat où se trouveroy?t
pour lors les affaires, ledit Légue ne se contentant pas d’asseurer lesdits
Ministres qu’ils en tireroyent de tres grands avantages pour les interests
du Roy leur Maistre ; mais ce qui fait horreur à le dire, qu’ils causeroy?t
vn bouleversement général dans la France s’ils sçavoient bien profiter de
cette occasion, par les moyens qu’il leur en suggereroit.

Comme ceux qui contre l’intention & au desceu de ladite Compagnie,
ont formé les mémoires dont Légue a esté chargé, sont les mesmes qui
avant que le Roy partist de Paris, entretenoyent des intelligences avec
les ennemis de l’Estat pour se saisir de la personne de Sa Majesté.
Comme ce sont les mesmes qui travailloyent alors à exciter des séditions
dans Paris : les mesmes qui se partageoyent dedãs & dehors la ville
pour traiter avec des Princes qui sont depuis entrez dans le party, les
mesmes qui apres l’accommodement fait en ce lieu au mois d’Octobre
dernier, par la Déclaration que Sa Majesté y fit expedier (qui sembloit
avoir osté pour jamais la racine de toute division) reconnoissans que les
ennemis se résoudroyent peut estre à faire la Paix, sur ce qu’ils auroyent
perdu l’esperance de voir naistre des troubles dans ce Royaume, leur firent



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