Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1649], Lettre du Roy au Prévost des Marchands, Eschevins & Bourgeois de la ville de Paris, escrite le premier jour de Février 1649. , françaisRéférence RIM : M0_2142. Cote locale : A_1_9.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 2 --

a constitüé vostre Roy, & que vous ne pouvez, sans attirer sur vous son ire, vous
soustraire de nostre obeïssance. L’innocence de l’âge où nous sommes, vous
oblige plustost d’employer toutes vos forces & vos vies à soustenir nostre authorité,
que de servir ceux qui la veulent rüiner. Nous ne sçavons pas si vous
avez bien consideré depuis tous ces mouvemens, la differance qu’il y a de servir
son Roy, ou des vsurpateurs de son authorité, vous connoistriez qu’ils ne
veulẽt que vostre rüine, pour soustenir l’injustice de leur faction, & qu’au contraire
vn Roy a grand interest à vostre conservation, comme vn bon pere pour
ses enfans. Pensez que nous sommes petit fils de Henri le Grand, qui a tiré la
ville de Paris de la servitude honteuse de l’Espagne, où la Ligue l’avoit jettée :
Que ce grand Roy a travaillé pour vostre bonheur & vostre repos, & que vous
tenez de sa valeur & de ses autres vertus, tout le bien que vous possedez depuis
son decez : Le Roy défunt nostre tres honoré Seigneur & Pere, a respandu sur
vous toutes les graces que vous pouvez attendre d’vn grand Roy, Nous avons
suivi leurs pas, & par l’avis de nostre tres honorée Dame & Mere, nostre bonne
ville de Paris a ressenti en toutes occasions des effets particuliers de nostre
bonté : au contraire, ceux qui veulent vous persüader qu’ils travaillent pour
vostre bien, ont fait des impositions par capitation, que les Rois nos predecesseurs
& nous, n’aurions jamais voulu entreprendre : ils prennent les deniers de
nos receptes & de nos fermes pour les faire servir à leur rebelliõ ; au lieu qu’ils
devroyent estre employez contre les ennemis de cette Couronne. Ils sçauront
bien prendre leur avantage, & profiter des divisions que ces meschans esprits
ont formées ; & si vous n’avez pas la paix qui est si necessaire pour vostre bonheur,
il faut en imputer la faute à ces factieux, qui donnent moyen à nos ennemis
de resister à nos armes, & d’entreprendre de rentrer dans toutes les places
& dans toutes les provinces que nous avons conquises sur eux. C’est vne chose
estrange, qu’en mesme temps qu’ils sollicitent dans Paris les Colonels & Capitaines
Suisses de sortir des places où ils sont en garnisõ, par des promesses qu’ils
leur font de leur payer les arrerages de leurs montres, & dé les continüer à l’avenir
en se mettans dans leur parti, ils accusent nostre tres-cher & tres-amé
Cousin le Cardinal Mazarin d’intelligence avec nos ennemis & d’avoir donné
occasion à tous ces mouvemens pour leur faciliter la prise de toutes nos places.
S’ils eussent rencontré de la foiblesse dans les esprits de ces Officiers, & qu’ils
eussent esté capables d’vne trahison si lasche, que celle que les factieux du Parlement
leur ont voulu persüader, il ne faudroit point douter de la prise de toutes
les places, qui sont le prix du sang de tant de Noblesse Frãçoise, & de la substance
de nos peuples, & d’vn travail de douze années qui ont esté employées à
les conquerit. Mais cette nation ne connoist point les perfidies : elle en a eu de
l’horteur, & eux-mesmes nous en ont fait des plaintes, avec des protestatiõs de
conserver avec vne fidélité généreuse, les places dont la garde leur a esté confiée.
Ces factieux passent bien plus avant dans leurs discours qu’ils publient
pour vous tromper & faire croire qu’ils vous ont fait prendre les armes
pour empescher que nostredit Cousin ne s’empare suivant ses desseins de nostre


page précédent(e)

page suivant(e)