Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1649 [?]], LETTRE CIRCVLAIRE, Pour la convocation des Estats généraux. , françaisRéférence RIM : M0_1829. Cote locale : A_1_6.
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avec l’Empereur, à la satisfaction & avec l’aplaudissement géneral
de tous les Princes & Estats de l’Empire, & que chacun
voyoit que les Espagnols estoyent contraints d’y consentir par le
mauvais estat & la necessité de leurs affaires, il est arrivé par vn
malheur insigne que les pratiques de nos mesmes ennemis ont
aussi prevalu les esprits inconsiderez & factieux de quelques vns
de nos Officiers de la Cour de Parlement qui est à Paris : lesquels
ont premierement donné diverses atteintes assez publiques &
notables à nostre authorité souveraine, lesquelles nous avons
bien voulu dissimuler, jusques à avoir fait expedier la Declaration
du mois d’Octobre dernier, qu’ils ont eux-mesmes dressée,
& puis sont venus à cet excez de temerité, que d’avoir conspiré
de se saisir de nostre personne, & d’vsurper entieremement l’administration
de ce Royaume & de nos affaires. Et enfin ont ordonné
des levées de troupes & de deniers contre nostre service,
se sont emparez de ceux qui estoyent en nos Requestes, ont pris
par force nostre chasteau de la Bastille de Paris, & vsé d’hostilité
contre Nous, pretendans s’avantager du temps de nostre minorité
pour satisfaire à leur ambition & à leurs interests particuliers,
& pour renverser toute la forme & l’ordre de l’Estat : Enquoi
nous avons veu avec beaucoup d’estonnement qu’ils ont
esté secondez par vn Prince de nostre sang, & quelques autres
Princes & Officiers de nostre Couronne, qui oublians leur naissance
& les obligations de leurs charges, de leur serment & de
plusieurs graces qu’ils ont receuës de nous, au lieu de s’atacher
à Nous & à la Monarchie, pour servir à reprimer vne rebellion,
se sont joints à des gens sans authorité, sinon sur la justice,
& qui ont perdu celle qu’ils y avoyent à l’instant mesme que nous
la leur avons ostée pour s’en estre rendus indignes par leurs armes ;
le dessein de ces Princes n’estant que d’avancer leurs affaires
particulieres par des établissemens pour eux & les leurs dans
des places tres-considerables & importantes, dont il arriveroit
des préjudices irreparables à nous, & à la seurté de nostre Estat,
si bien que nos ennemis connoissans assez où tend cette division
qui se forme dans nostre Royaume, s’eloignent de plus en plus de
la paix, esperans que ce trouble intestin sera capable de porter
les choses au point qu’ils souhaitent : Et parce que nous voyons
bien que les choses demeurans en cet estat, il est necessaire sans
perdre aucun moment de temps, de penser serieusement aux
moyens de faire cesser les desordres & les maux dont nostre


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