Loret, Jean [?] [[s. d.]], SVITE DE LA GAZETTE DV TEMPS. EN VERS BVRLESQVES. , françaisRéférence RIM : M0_1471. Cote locale : B_18_24.
Dautant que Messieurs de Paris Tant les ieunes gens que les gris, Tant les Masles que les femelles, Tant Bourgeoises, que Damoiselles, Ainsi que les autres Estez, N’ont point esté de tous costez Respirer l’air des pourmenades, Le nombre est fort grand des malades, Et l’on ne voit à tous momens Que quantité d’Enterremens, De gens morts de la frévre chaude Qui n’espargnes Germain ny Claude, Denys, Raymond, Albert, Hubert, Lambert, Robert, ny Dagobert, Guillaume, Gaultier, ny Garguille, Ny Luc, ny Marc, ny Iean, ny Gille, De plus les maux originels S’irritent des flancs maternels, Sçauoir la petite verolle, Et pareillement la Rougeolle S’épandent dans tous les quartiers Aux maisons des gens de mestiers : Mesmes dans les nobles familles, Où l’on void quantité de filles Tous les teints de Rose & de Lys Sont à present enseuelis Dans les hideux restes de galles, Tesmoing la Pucelle d’Aumalle, Dont le visage plein d’attraits Si pur, si beau, si Blanc, si frais, N’est pas vne beauté passée, Mais vne lumiere éclipsée, Dont les rayons iadis bruslants, Ne seront iadis si brillans, Patrocle encore vne autre belle, Mais mariée & non pucelle, A le nez aussi tout gasté De ce mal plein de cruauté ; Qui fait d’vne belle, vne laide, Mais le bon Dieu luy soit en ayde, Mesme à Madame de Pisy A qui le destin à choisy Vn mary qui iadis comme elle Sentit cette atteinte cruelle, Et mesme à Madame le Gras Au corps si doucet & si gras, Et dont la rauissante forme Auparaurnt ce mal énorme Sçauoit tous les cœurs enchanter, Et pouuoit fort bien se vanter D’auoir du teint sur le visage Pour mil escus & d’auantage, De ce mal iniuste & felon La tres-dolente Barillon Est encore fort outragée Quoy que de quarante ans aagée ; Mais ce fleau contagieux Ne respecte ieunes-ny vieux.
Toute à Cour fait à cette heure A Compiegne encor sa demeure, Ou Mademoiselle Bourdon Pour faire enrager Cupidon S’estoit mise en vn Monastere, Mais du Roy l’vnique & cher frere A qui cela ne plaisoit pas Y courut soudain à grand pas, L’on m’a dit que ce fut Dimanche Et la prenant par sa main blanche.
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