Loret, Jean [?] [1652], SIXIESME GAZETTE DV TEMPS. EN VERS BVRLESQVES. , françaisRéférence RIM : M0_1471. Cote locale : B_18_28.
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Lors on luy fit la reuerence
Chacun le traicta d’Eminence,
Luy parla, le congratula,
Et certes, il fut ce iour-là
Complimenté de tout le monde
Sur sa dignité rubiconde.

 

 


Apres plusieurs icy ie dis
La mort du Marquis de Sourdis,
Et du Comte aussi de Tillieres
Les trois funestes Filandieres
Ayans, dit-on, depuis deux iours
De leur vie acheué le cours,
Si la nouuelle est fausse & vaine
S’il plaist à Dieu l’autre semaine
D’autre façon i’en parleray,
Et ie les ressuciteray.

 

 


On a de Compiegne nouuelle,
Que la Cour est brillante & belle
Et qu’[1 mot ill.] on peut voir au cours
Tant de satins que de velours,
Du moins cent ou six vingts carrosses
Dont les cheuaux ne sont pas rosses,
Mais ont le pied viste & gaillard
Et le dos gras comme du lard
Quand le iour y vient vn peu sombre
On y void des beautez sans nombre,
Et quantité de Courtisans
Fort braues gens ou soy disans,
Enfin certain quidam proteste
Que la Cour est tout à fait leste,
Ha, si Gaston, Condé, Conty
se reioignoient à ce party,
Et que Charles Duc de Lorraine
Attendant que de son Domaine
On luy fist restitution
Fust aussi de la ionction
Et que leurs sœurs filles & femmes
Et quantité d’aymables Dames
Qui sans doute suiuroient leurs pas,
Vnissent leurs diuins appas
A cette Cour, desia si grande
O beau Soleil ie te demande
Toy qui de long ou de trauers
Void tous les lieux de l’Vniuers,
Si dans tout le monde habitable
On pourroit rien voir de semblable,
O, blond & Brillant Apollon
Si tu parlois, tu dirois, non.

 

 


Dimanche plusieurs volontaires
Merciers, Birbiers, Apotiquaires,
Lapitaires, Cabaretiers,
Enfin des gens de tous mestiers
S’estans transportez à centaines
Pour grossir les trouppes Lorraine
Furent chargez du sieur Mombas
Lequel en mit plusieurs à bas,
Et prist mesme quelque bagage,
Et peut estre eust fait dauantage,
Mais vn quidam fait comme vn Clerc
Passant prés l’Hostel de Schomberg
Dit que de Montbas les cohortes
N’auoient pas esté les plus fortes,
Que les Canons qu’on fit parler
Les firent bien-tost d’estaler,
Que leur funeste tintamarre
Leur fit vn effroyable escarre,
Et que durant ce grand fracas
Qui de corps morts faisoit des tas
Plusieurs braues bourgeois rentrerent
Et tres-vaillamment se sauuerent,
Fauorisez par le canon,
Les vns blessez les autres non.

 

 


La maladie aueugle & folle
Qu’on nomme petite verolle,
A rigoureusement traicté
La bonne grace & la beauté,

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