Loret, Jean [?] [1652], QVATRIESME GAZETTE DV TEMPS. EN VERS BVRLESQVES. , françaisRéférence RIM : M0_1471. Cote locale : B_18_26.
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Les degousta de leurs caresses,
Destruisit toutes leurs tendresses,
Et de son dangereux poison
Infecta le docte grison,
Et mesme aussi la Damoiselle
Vne auersion naturelle
Dans le cœur de chaque moitié
Prit la place de l’amitié.
La femme deuint plus altiere,
Plus aigre, desdaigneuse & fiere,
Et le mary de sa beauté
N’estant plus du tout enchanté
Ne luy donnoit plus de loüange,
Ne disoit plus mon cœur, mon ange,
Mais quelquefois pis que son nom,
Et l’appelloit souuent Guenon,
Elle pour prendre sa reuenche
En mettant la main sur la hanche
Disoit voyez ce beau nazeau,
Voyez ce plaisant damoiseau,
Voyez ce faiseur de Gazettes,
Il luy faut des femmes bien-faites,
Il luy faut des ieunes beautez
Au prés de ses propres costez,
Il luy faut d’aymables visages
Qui soient doux comme des images,
Il luy faut des obiets rians,
Il luy faut des morceaux friants,
Il luy faut des léures sacrées
Qui ne soient qu’à luy consacrées,
Il luy faut des belles Philis
De beaux teints d’œillers & de lis,
Des tetons & des gorges pleines,
Il luy faut ses fiévres quartaines,
Le sage Monsieur Renaudot,
Le plus souuent ne disoit mot,
Mais lassé de tant en entendre,
Disoit quelquefois pis que pendre.
A la fin leurs communs parents
Ayants peur que leurs differents
Apres leur amitié destruite
Eussent vne eternelle suite,
Ont iugé tres-fort à propos
Qu’il les falloit mettre en repos,
Si bien que parleur entremise
Les Messieurs de la Cour d’Eglise
En ayant esté fort priez
Les ont enfin des-mariez.

 

 


L’Altesse du Duc de Lorraine
S’auançant à perte d’haleine
Et tous ses escadrons aussi
Vint en propre personne icy
Vendredy si ie ne me trompe,
Non pas auec autant de Pompe
Que l’autre fois quand il y vint,
Mais suiuy seulement de vingt,
Ou pour le plus que ie ne mente
Sa suite ne passant pas trente,
Mais Comme ce Prince a laurrier
Est autant Galland que guerrier,
Il voulut que Madamoiselle
De la main yvoirine & belle
Luy fist vn petit mandement
De venir icy promptement,
Et que cette Dame Iolie
Dont l’ame est dit-on si polie
Frontenas escriuit aussi
Monseigneur rendez vous icy,
Ce que toutes deux elles firent
La Princesse & l’autre escriuirent
Chacun vn mot petit ou grand
Et ce grand Duc leur deferant
Plus prompt qu’vn esclair de tonnere
Les vint voir en habit de guerre.
Dedans saint Germain Lauxerrois
Iadis Parroisse de nos Roys,
Suruint vne estrange auanture
Car en mettant en sepulture

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