Le C. de V. [signé] [1652], LETTRE DE CONIOVYSSANCE D’VN BON RELIGIEVX, A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DE RETS, COADIVTEVR DE PARIS, SVR SA PROMOTION. , françaisRéférence RIM : M0_1914. Cote locale : C_12_23.
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V. E. a de faire vne petite ecclipse, attendant la venuë
du Soleil de Rome, qui vous rendra au monde plus
rayonnant de gloire que iamais ; ie suis contraint d’auoir
recours à ma plume pour m’en seruir en ce rencontre.
I’auoüe neantmoins à mon grand regret
qu’elle est vn peu mousse, & fort mal tranchée pour
soustenir parfaitement la dignité d’vn si grand sujet.
Ie sçay qu’il y en a de plus excellentes qui s’egayeront
à prendre vn vol beaucoup plus haut pour éleuer vos
merites & vos loüanges iusques au Ciel. Il faut que
ie me contente d’aller terre à terre, & que ie fasse connoistre
au monde que ma main porte plus de marques
d’auoir manié l’espée que la plume. C’est l’affection
qui parle, qui paroist quelquefois plus eloquante que
l’eloquence mesme : ny plus, ny moins que la beauté
naturelle d’vne femme non parée, paroist plus agreable
à nos yeux, qu’vne autre qui sera richement parée,
coiffée, frisée, poudrée, mouchetée, fardée. Ie suis nay
Caualier, ie ne sçaurois parler d’autre langage.

 

C’est assez que ie publie tout nayuement que la moderation
que V. E. a témoignée, tant à attendre, qu’à
receuoir l’agreable & charmante nouuelle de vostre
promotion, nous fait esperer que vous n’abuserez iamais
de cette authorité pour en procurer aucun déreglement
dans le monde. Tout au contraire que V. E.
n’aura point d’autre but que le seruice du Roy, l’honneur
de son Royaume, le soulagement des peuples, &
sur tout la conseruation & accroissement de l’Eglise
Catholique, & la destruction & abbaissement des
guerres internes & externes.



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