Latour,? (capitaine) [?] [1649], LETTRE DV CAPITAINE LA TOVR CONTENANT LA REFVTATION des Calomnies imposées au party du Parlement, & de la Ville de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_2083. Cote locale : A_5_14.
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de tous les gouuernemens, en faueur de ses plus affidez, en
priuant les seruiteurs du Roy les plus fidelles, & qui les auoient le
mieux meritez par leurs seruices, ainsi que l’on pourroit iustifier,
par vne infinité d’exemples, qui sont connus à tout le monde. Cette
façon d’agir auoit bien moins d’éclat, mais auoit bien plus d’effet
pour appuyer sa tyrannie.

 

Mais sans nous arrester dauantage sur ce qu’a fait le Cardinal
Mazarin, qui est assez conneu de tout le monde, examinons de
plus prés ce qu’ont fait Messieurs du Parlement, & voyons s’il y
auoit quelque lieu de les declarer criminels, mesmes en la plus rigoureuse
Iustice, ils se sont trouuez obligez pour la descharge de
leurs consciences, de se formaliser de l’estrange dissipation qui se
faisoit des finances de sa Maiesté, des exactions perpetuelles, &
extraordinaires, dont le pauure peuple estoit trauaillé depuis
long-temps, des pilleries dont il estoit opprimé par les gens de
guerre, du deffaut de payement des trouppes de sa Maiesté, & de
la tyrannie insupportable que le Cardinal Mazarin exerçoit sans
forme de Iustice, contre plusieurs personnes de probité & de qualité
importante : ils ont trouué que depuis la Regence, il s’est leué
des sommes, deux & trois fois plus grandes, que sous les Regnes
precedens, mesmes lors que la France n’auoit pas de moindres
guerres sur les bras, que neantmoins l’on a laissé à diuerses fois
perir des armées entieres à faute de payement. Que l’on a rayé
l’Estat des pensions dont le feu Roy auoit gratifié les Princes,
Gensilhommes & autres, qui auoient merité ses biens-faits par
leurs seruices importans, retenu les gages des Officiers, diuerty
les rentes de l’Hostel de Ville, au preiudice des Proprietaires, &
alliené tout le domaine du Roy, & qu’outre cela la Couronne s’est
engagée de cent cinquante millions : Que l’on a exigé les tailles, &
autres impositions sur le peuple à main-armée, auec des rigueurs
horribles ; Que pour n’en pouuoir diuerrir les deniers, on en a osté
la connoissance aux Tresoriers de France, & à la Chambre des
Comtes, par vn abus tout manifeste des ordõnances de Cõptans ;
Que pour auoir pretexte de continuer les leuées extraordinaires
sur le peuple, on a tiré en vne extréme longueur la guerre, & refusé
à diuerses fois de la terminer auec grand auantage pour la France.
Que l’on a fait languir plusieurs personnes en prison, sans aucun
legitime suiet, deporté & relegué les autres en diuers lieux
eloignez empoisonné les autres, employé les faux tesmoins, & les
calomnieuses accusations contre les autres, pour les perdre auec
quelque apparence de Iustice ; & en vn mot, que tout estoit tellement
peruerty, qu’il n’y auoit plus de seureté pour les gens de



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