Latour,? (capitaine) [?] [1649], LETTRE DV CAPITAINE LA TOVR CONTENANT LA REFVTATION des Calomnies imposées au party du Parlement, & de la Ville de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_2083. Cote locale : A_5_14.
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de guerre ; les Regences pendant la minorité des Roys, les
mariage ; & apanages des Princes, & les autres plus importantes
affaires d’Estat.

 

D’ailleurs, la deffence du Parlement, & de la Ville de Paris, est
d’autant plus iuste, qu’ils n’auoient autre voye pour se garentir de
la cruelle vengeance qui alloit tomber sur leurs principales testes,
que celle de la resistance, dautant que d’vne-part le Cardinal Mazarin
les auoit exclus de tout accez auprés du Roy, & de la Reine
Regente, & osté toute esperance de reconciliation, n’ayant pas
voulu souffrir que les Deputez qu’ils enuoyerent pour cét effet à
leurs Maiestez, incontinent apres leur depart de cette Ville, eussent
audiance sur les tres-humbles remonstrances qu’ils auoient
à faire sur ce sujet, & que de l’autre ils ne pouuoient plus prendre
d’asseurance en la parole du Cardinal Mazarin, qui la leur auoit
faussée desia à diuerses fois ; mesmes apres la leur auoir solemnellement
donnée entre les mains de Monseigneur le Duc d’Orleans :
Et en effet, quelle asseurance pourroit on iamais prendre en la foy
d’vn homme qui n’a pas craint de violer la seureté & la liberté
commune, & prophaner vne réjoüissance publique par la capture
de ceux du Parlement, qui auoient le mieux merité du Roy, & du
peuple, au milieu d’vn champ de triomphe celebre, en l’honneur
des victoires de nostre Monarque ? mesmes en dernier lieu, d’enfraindre
vne Declaration concertée & resoluë, auec la Reyne &
les Princes, pour le soulagement des peuples, la restauration de
l’Estat, & le restablissement des reuenus de sa Maiesté ; & qui
apres ces honteuses & trop hardies tromperies, a eu l’audace d’enleuer
nuictamment le Roy, de calomnier le Parlement, comme
s’ils eussent entrepris contre la personne de sa Maiesté de susciter
vne cruelle guerre Ciuile en France, & d’ouurir en mesme temps
toutes les frontieres du Royaume à l’Ennemy, puissamment armé
de toutes parts contre nous. Certainement, s’attendre apres cela
à quelque accommodement auec vn aduersaire, si faux & si malfaisant,
ce seroit soûmettre l’Estat à la mercy de son propre Ennemy,
& tendre imprudemment le col à ses cousteaux.

De plus, il est constant, que le Parlement & la Ville de Paris
n’ont point pris les armes pour se deffendre contre le Roy, qui ne
sçauroit iamais traicter ses subjets, auec tant d’inhumanité & d’iniustice,
mais contre le Cardinal Mazarin, qui abusant de l’authorité
que la Reine Regente luy a mise en main, apres leur auoir rauy
le Roy, leur veut encore rauir la vie & la liberté, par la famine,
& par la destruction de ceux qui peuuent les proteger contre
sa tyrannie, pour se gorger apres de leurs dépoüilles, comme il a



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