La Mère de Dieu, Pierre de (dit Bertius, Abraham) [1647], LES VERTVS ROYALES D’VN IEVNE PRINCE. , français, latinRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_1_1.
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ses soupirs, l’extreme regret de son cœur, de se
voir sur le point de perdre la fleur de son innocence :
puis se tournant vers le Roy, luy dit d’vne
voix tremblante ; Sire ie vous coniure par cette
Vierge, de garder mon honneur, & de ne toucher
point à vne pauure vierge. Croiriés-vous que ce
grand Monarque reprima les sentimens de la
concupiscence, & qu’il estouffa en mesme temps
les flammes de l’amour charnel, sans offenser
celle, qu’il tenoit en sa discretion ? de quoy il merite
la gloire de la posterité.

 

Belle actiõ
de continence
de
Charles
VIII. Roy
de France.

Mais que dirons-nous de LOVYS XIII. surnommé
le Iuste, Fils Ainé de l’Eglise qui a montré
en ces derniers Siecles, qu’il n’est pas impossible,
de couurir sous le manteau Royal, vne ame
de Colombe, & que les Lis de France prennent
croissance, entre les épines de la Cour Mondaine ?
ce que nous rapporterõs de cet incomparable
Monarque, nous l’auons appris de témoins oculaires,
& de personnes tres-dignes de creance,
qui m’ont asseuré, que depuis le regne de sainct
Louys, le Sceptre de la France n’a point esté manié
par des mains plus pures, ny plus innocentes :
On lisoit dans les yeux, & sur le front de ce grand
Prince, les sentimens de son cœur ; on voyoit des
traicts de Maiesté sur son visage, qui marquoient
la qualité de ses pensées, & la bonne trempe de
son esprit. Sa bouche estoit l’organe de la continence,
sa langue ne proferoit iamais que des paroles



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