La Mère de Dieu, Pierre de (dit Bertius, Abraham) [1647], LES VERTVS ROYALES D’VN IEVNE PRINCE. , français, latinRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_1_1.
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pas moyen de leuer presentement vne armée,
pour esteindre quelque rebellion, ou s’opposer à
vne guerre ciuile : Remarqués que ie limite ma
proposition, & que ie parle des depenses inutiles,
& faites mal à propos, parce que ie n’ignore
point qu’vn Souuerain ne puisse engager son
Domaine, & financer tout son or, & son argent,
pour des occasions iustes, & raisonnables ; comme
pour chasser les ennemis de ses Terres, pour
continuer ses loüables entreprises, pour defendre
les interests de son peuple, n’épargner rien en
semblables rencontres, n’est pas vn acte de prodigalité,
mais plustost vn effect de la Liberalité
Royale.

 

Vn Prince
doit regler
sa despense
& sõ épargne.

Ie comparerois volontiers les Roys prodigues,
à ces belles fontaines, qui iour, & nuict pissent
vne eau cristalline, sans considerer si elle est employée
au seruice du public, où si elle tombe inutilement
par terre, pour se dégorger dans quelque
reseruoir. Ainsi en est il d’vn ieune Monarque,
qui ne se lasse point de donner, & fait couler
en tout temps vne pluye d’or sur son peuple,
sans regarder le profit qui luy en doit reuenir, &
souuent il arriue que ses finances s’épuisent plustost,
que les fontaines ne tarrissent. Mais vn
Prince Liberal ressemble aux nuës chargées
d’eau, qui distillent leur rosée sur tout vn païs, &
la pluye tombe ordinairement si à propos, qu’elle
vaut des millions, & fait pousser les plantes,



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