La Campie,? de [1649], LES PROFANATIONS MAZARINIQVES, OV LE TRVCHEMENT DE S. DENIS, APPORTANT LES NOVVELLES DE SA DESOLATION. Par le Sieur DE LA CAMPIE, Gentil-homme Perigordin. , françaisRéférence RIM : M0_2897. Cote locale : A_6_75.
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ces animaux de toute sorte d’especes éleuãt vn bruit
confus de diuerses voix, demandoient cõme pardon
à Dieu & aux Roys de tant d’irreuerances, & tout ensemble
en accusoient ceux qui les reduisoient à cette
necessité : tant d’horreurs me faisoient fremir de colere,
& ie n’estois pas capable de la dissimuler ; bien
qu’elle ne pust estre fatale qu’à moy mesme : par fois
ie m’addressois du costé des Cieux, & tantost vers le
Mausolée du grand François (Illustre vainqueur des
Suisses) pour les solliciter à ne trahir pas leur propre
querelle. Mais pour estre plus rude, le chastiment du
coupable se differe par fois : les Suisses loing d’estre
punis virent accroistre leur bonne fortune. Deux
iours apres ma prise, ils destrousserent sur le chemin
de Paris quelques marchands, & firent capture de
plus de quinze charretées de vin qu’ils emmenerent
iusques dans l’Eglise, comme s’il eust encore resté
d’en faire vne Tauerne Aussi tost selon leur coustume
ils se mirent à boire, & se porterent à ce combat
de verres, auec autant d’ardeur qu’ils eussent fait en
vne bataille ; d’où i’ay coniecturé que peut estre ils
n’estoient si fort auides de sang en vne meslée, qu’à
cause qu’ils le prenoient pour du vin. Le vin pris en
abondance est vn mauuais hoste dans le corps de
l’hõme, souuent il renuerse sa demeure. Ces Suisses
en peu de temps se mirent par terre, & furent deffaits
par leur propre victoire : vn seul d’entreux plus ferme
que ses camarades demeura debout, & sembloit
moins enflãmé du vin qui luy sortoit par la bouche,
& par les yeux en esclairs, & vapeurs tres infectes,
que du despit de n’auoir plus contre qui boire ; sans


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