qui composent ce grand Corps, estans reünis à leur
tout, on fera vn concert tres-agreable, & vne melodie
qui pourroit charmer les rochers, comme fit jadis Orphée,
n’estoit qu’ils sont insensibles.

C’est vne maxime de Philosophie que le relatif n’est
iamais sans antecedẽt, qui sont de mesme nature, le pere
presuppose le fils, & le seruireur le Maistre, l’amour du
fils doit estre reciproque à celuy du pere : Ces sacrez
Senateurs ce sont rendus les Peres de la patrie, luy ont
tesmoigné tous les deuoirs de la paternité, se sont portez
nerueusement à la defense de ses interests : Et partant
les peuples qui la composent, seroient indignes du
tiltre de filiation, s’ils n’auoient vn amour correspondant
à cet excés de charité, qui a paru iusqu’à son dernier
periode.

I’ay maintenant à dire à vostre Majesté, MADAME,
que Dieu ne pouuoit fauoriser la France de plus grandes
graces que par le don de la Paix, qui produira des
fruicts tres-excellens, qui seront sauourez par les peuples
auec delices : lesquels en consequence loüeront à
iamais cette bonté Royale qui leur a procuré ce bien.
Aussi nul ne peut nier sans crime & temerité, que Dieu
n’ait imprimé en l’esprit de cette vertueuse Princesse, &
en celuy de nostre ieune Monarque, la Verité, la Iustice
& Misericorde, qui sont les trois fleurons qui symbolisent
& sont attribuez aux trois Personnes diuines, la
Verité au Pere, la Iustice au Fils, & la Misericorde au
sainct Esprit. Cet Auguste Seigneur, dis-je, a voulu
conseruer ces trois Lys, qu’il épanoüira plus que iamais :
Aussi il a fait éclore cette diuine fleur dans son Sanctuaire ;
elle rendra ses armes inuincibles & formidables
à ses ennemis, qui vn iour à la faueur du Ciel prendront
leur visée iusqu’au delà du Croissant de Constantinople,
le tout pour la gloire de Dieu & propagation de la
Roy.

Son Siege sera preparé en clemence & misericorde,