L. D. N. [signé] [1649], LETTRE ESCRITE DE MADRID, PAR VN GENTILHOMME ESPAGNOL, A VN SIEN AMY, PAR LAQVELLE IL luy descouure vne partie des intrigues du Cardinal Mazarin. Traduitte de l’Espagnol en Francois. , françaisRéférence RIM : M0_2218. Cote locale : C_3_39.
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sont celles qu’il fait au Comte de Mendoza, à qui il
offre pour son fils vne de ses niepces en mariage auec cinq
millions, la quelle il mande estre en lieu de seureté dans Sedan,
qu’il aura quand il voudra, aussi bien que Piombino
dont il luy promet le Gouuernement : Voila qu’elles sont
les visées du Cardinal Mazarin, qui se trouuera desceu de
ses esperances, d’autant qu’on a eu vne si parfaite connoissance
de son esprit, qu’on n’est plus resolu de se laisser tromper,
outre qu’on a horreur de ce que vous mandez, aussi
bien que d’autre, que pour assouuir sa rage, il a permis le
pillage, les incendies, les violemens, & n’a pas espargné le
Sanctuaire. La response qu’on luy a faite est qu’vne des plus
importantes leçons du Conseil d’Espagne, c’est de ne se
mesler iamais des querelles particulieres des François, mais
de leur laisser terminer entr’eux. Que de s’asseurer en luy on
ne le pouuoit sans danger, & que la Paix qu’il proposoit ne
pouuant estre bien seure, qu’il valoit mieux aller à la source
qu’ils l’auoient souhaité, & la souhaitoient encores, mais que
s’il en falloit cõclure vne, ils desiroiẽt que se fust du consentement
des trois Estats du Royaume, sur tout dans la Minorité
du Roy. Voila ce qui s’est passé icy, & on n’a pas
moins d’horreur dans Madrid de l’administration du Cardinal
Mazarin que vous en auez à Paris, fauorisez moy de
vos nouuelles, si vous le pouuez, & ie tascheray de contenter
vostre curiosité autant que ie pourray, puis que ie suis,

 

MONSIEVR, ET CHER AMY,

Vostre tres-humble & tres-affectionné
seruiteur, L. D. N.

De Madrid ce 7. Fevrier 1649.



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