I. D. L. T. [signé] [1649], LETTRE CVRIEVSE SVR CE QVI S’EST PASSÉ DE plus remarquable à Paris depuis le iour des Roys, iusques à la fin de la premiere Conference ; Auec vn petit discours de la vie & de la mort de Monsieur le Comte de Soissons. , françaisRéférence RIM : M0_1835. Cote locale : C_3_54.
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sa generosité paroissoit en toutes ses actions, mesme
iusques dans sa deuotion, encore qu’il ne beut
point de vin, il ne laissoit pas de ieusner des Caresmes
entiers auec vne austerité inimitable, & il auoit cet aduantage
dans le siecle d’horreur & de blasphemes où
nous sommes, qu’on ne l’auoit iamais oüy iurer ny
dans le ieu, ny dans la colere : Ie continuerois les veritables
loüanges de ce grand Prince, & ie parlerois de
sa valeur & de son courage si mes paroles égaloient
mon imagination : mais comme le temps & la capacité
me manquent ie diray seulement que c’est trahir la venté
de dire qu’il est mort les armes à la main contre son
Roy ; Si l’on veut voir la fausseté de cette accusation,
il ne faut que ietter les yeux sur l’estat où nous sommes,
il ny a personne en cette compagnie ny dãs toute
la ville qui ne soit fidelle seruiteur du Roy, & qui ne
voulût prodiguer son bien & son sang pour son seruice,
& cependant ceux qui ont enleué sa Majesté, &
qui abusent de son authorité parce qu’elle est en leur
possession ne laissent pas de dire que nous auons pris
les armes contre luy, quoy que nous ne les ayons prises
que pour nous deffendre de leur malice : Il en est
ainsi de feu Monsieur le Comte, ce Prince se voyant
abandonné de celuy de qui il auoit pris les interests
contre le Cardinal, & sçachant que la vertu estoit toûjours
persecutée où le vice estoit absolu, aima mieux se
retirer de la Cour que d’y demeurer en crainte, Sedan
fut le lieu de sa retraite, & quoy que le Roy luy eust accordé


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