I. D. L. T. [signé] [1649], LETTRE CVRIEVSE SVR CE QVI S’EST PASSÉ DE plus remarquable à Paris depuis le iour des Roys, iusques à la fin de la premiere Conference ; Auec vn petit discours de la vie & de la mort de Monsieur le Comte de Soissons. , françaisRéférence RIM : M0_1835. Cote locale : C_3_54.
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Grand, aymera mieux estre appellé le Roy des Riches,
que le Roy des gueux.

 

Encore que la Conference ne soit pas finie, & qu’il
y ait tréue entre les deux armées Françoises, celle de
l’Archiduc n’a pas laissé d’entrer en Champagne, où
elle vit dans vn ordre qui mettroit la confusion sur le
visages des Mazarinistes, s’ils auoient encore vn reste
de conscience : mais ceux qui ont perdu le commancement
de la sagesse, ont acquis le comble de la folie ; &
comme ils ont peruerty l’ordre des choses, ils sont aussi
incapables de honte, qu’ils sont disposez à faire toutes
sortes de mechancetez : celles qu’ils exercent tous les
iours par tout, font bien voir de quel esprit ils sont
poussez, & quelle liberté on leur donne. Si vn homme
de consideration se va plaindre que l’on a pillé sa
maison, qu’on a violé sa femme & sa fille, & que l’on a
commis des impietez horribles dans l’Eglise & sur le
plus S. de nos Mysteres, on luy respond qu’il est bien
heureux d’en estre quitte, & que les autres ne le sont
pas depuis que la communication est permise entre
les deux partis. Nous auons appris des choses si estranges
& si épouuantables, que si d’autres, que ceux qui
les ont veuës, nous les eussent dites, nous aurions
creu qu’on les auroit inuentées à plaisir, & nous ne
nous serions iamais imaginez qu’vne nation comme
la nostre, qui se picque de franchise & de ciuilité, eut
esté capable de commettre des cruautez qui feroient
horreur à des barbares, ny de souffrir que des estrangers



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