Griveau, Martin [signé] [1649], LETTRE D’VN DOCTEVR DE L’VNIVERSITÉ DE PARIS, A la Reyne Regente à S. Germain en Laye. SVR LE SVIET DE LA PAIX. , françaisRéférence RIM : M0_1862. Cote locale : A_5_24.
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que vous de respondre de leurs troupeaux & des ames qui leur
sont commises, puisque c’est vous qui disposez des Prelats &
des Prelats mesme. Et cependant on ne nous parle d’autre
chose que de la charge des Curez & des Euesques, & de la
difficulté qu’il y a de se sauuer parmy la foule des personnes,
dont ils sont obligez de respondre.

 

Que vostre Maiesté me pardonne s’il luy plaist si ie luy parle
de la sorte, ie veux dire plus hardiment & plus chrestiennemẽt
que tous les Predicateurs & tous les zelez de son Royaume.
La passion que i’ay pour son seruice, aussi bien que l’aage
de quatre-vingt dix ans ou ie suis, me donne cette liberté, &
fi elle rebutte les sentimens d’vne teste chenuë, elle ne doit
pas s’il luy plaist mépriser les remonstrãces generales de toute
la France. Vn peu de reflexion vous fera connoistre si i’ay
raison.

Il est encor temps, si vous voulez, d’accommoder toutes
choses. Ne laissez pas tomber le remede de vos mains, ie ne
doute pas que vous ne soyez balancee de differents mouuements.
Mais, quoy que vous puissiez resoudre, & quelque
raison de foiblesse qu’on puisse apporter pour trauerser vos
bons desseins : Il est question de sauuer l’Estat & de demettre
vostre ame en seureté. Apres cela, Madame, vous en ferez ce
qu’il vous plaira. Pour moy ie tiens que la moins honorable
paix vaut mieux que la plus glorieuse guerre. C’est

De vostre Maiesté,

Le tres-humble, tres obeyssant &
tres fidele seruiteur & suiet.
Martin GRIVEAV.



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