Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652 [?]], LE VRAY ET LE FAVX, De Monsieur le Prince & de Monsieur le Cardinal de Retz. , françaisRéférence RIM : M0_4068. Cote locale : B_10_17.
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qui ne sont pas appuyées sur des faits, la verité que
nous cherchons toûjours auec tant de curiosité, & pour l’ordinaire
auec si peu de succés : I’ay donc examiné pour mieux
iuger des choses presentes, tout ce qui s’est dit des passées depuis
le commencement des derniers troubles ; I’ay consideré
tres-exactement la conduite de ceux qui ont eu le plus de part
dans ces affaires, & qui ont joüé les premiers personnages dans
ces Tragedies si funestes à l’Estat ; I’ay particulierement arresté
mes pensées sur M. e Prince & sur M. le C. de Retz, qui sont les
deux personnes qui ont ce semble donné le mouuement à toutes
les autres, & apres vne recherche soigneuse & exacte i’ay
trouué que tout ce que l’on à dit contre M. le C. de Retz s’est
trouué faux par l’euenement, & que tout ce que l’on à dit contre
M. le Prince, par le mesme euenement s’est trouué veritable.

 

Pour bien éclaircir cette matiere il n’y à qu’à considerer la
conduite de l’vn & de l’autre dans le fait : Commençons par celle
de Monsieur le C. de Retz. La pluspart de ceux qui le virent
agir pendant le siege de Paris, crurent ou voulurent croire, que
le zele qu’il tesmoigna dans cette occasion, pour le seruice du
public, auoit la mesme fin qu’à eu pour l’ordinaire celuy de tous
les grands en de pareilles rencontres, & les Partisants de la
Cour le publioient en ce temps là pour vn ieune ambitieux, qui
ne pretendoit de la cause cõmune que des aduantages particuliers,
l’euenement dissipa cette calomnie, on fit la Paix, tout le
monde eut des interests, on sçait les traités infames du mois de
Feurier ; le Duc de Beaufort mesme, la fausse idole de ce temps
là n’oublia pas ceux de sa maison, le seul Coadjuteur refusa
toutes choses, il ne voulut prendre aucune part dans toutes ces
saletés dont l’Histoire doit rougir, il se contenta de l’approbation
des gens de bien, & de la satisfaction de sa conscience. Les
conionctures ne luy permirent pas de rendre incontinent apres
la paix, ses deuoirs au Roy, le C. Mazarin luy en ferma toutes
les aduenües, les esprits mal faits qui tournent tout en poison
& qui l’eussent traité d’esclaue attaché au char de la fortune de
ce Ministre s’il luy eust seulement rendu vne visite, trouuerent
encor dans sa generosité de quoy donner atteinte à sa reputation :
ils le traiterent d’esprit factieux & d’esprit inquiet & l’on
lût en ce temps dans Paris, vn libelle composé auec beaucoup



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