Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652 [?]], LE VRAY ET LE FAVX, De Monsieur le Prince & de Monsieur le Cardinal de Retz. , françaisRéférence RIM : M0_4068. Cote locale : B_10_17.
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Palais d’Orleans. N’est il pas vray qu’il ny à point de iour ou
toutes ces contrarietés ne se publient comme des verités
authentiques, & est-il possible qu’apres tant d’experiences il y
ait encor des esprits capables d’escouter toutes ces contradictions,
ie ne m’arreste point à les examiner elles ne meritent
que du mespris & quand elles ne se destruiroient pas elles mesmes,
quand le iour qui les voit n’aistre, ne les voiroit pas mourir,
l’euenement les esclairciroit & la verité plus forte que
l’imposture ne la peut estouffer.

 

Ie me contenteray d’examiner seulement en ce lieu cette calomnie
si grossiere dont on à voulu ietter le soupçon sur Monsieur
le Cardinal de Retz en ce qui touche Monsieur le Duc
de Lorraine, ce n’est pas qu’il ne soit asses iustifié par les escrits
mesmes que ses ennemis ont publie contre luy sur ce sujet, ils
ont eu assés de rage pour mettre son nom sur le tiltre : mais ils
n’ont pas trouué assés de matiere pour l’inserer dans l’ouurage,
Monsieur le Duc d’Orleans a rendu solemnellement iustice à la
verité, ie ne discute pas ce qui s’est passé en ce fait, pour faire
voir que Monsieur le Cardinal de Retz n’y à aucune part, mais
pour faire connoistre que ceux qui ont esclaté auec le plus
d’aigreur contre le changement de M. de Lorraine, n’ont pas
contribué auec le plus de soin à l’obliger de ne changer pas,
personne n’ignore que M. le Prince n’a iamais voulu entendre
à luy rendre ses places. M. le C. de Retz iugeant que ces deux
Princes, ne conuiendroient iamais de leurs interests, declara
publiquement, qu’il ne prendroit aucune part dans toutes ces
affaires, supplia ouuertement S. A. R. de luy permettre ceste
conduite & il se contenta de rendre à M. de Lorraine en presence
de M. & de Madame, les ciuilités que leurs Altesses auoient
desiré de luy. Ie sçai bien que ceux qui ont interest de souhaiter
que Monsieur soit maistre du party, deuoient estre affligés du
changement de M. de Lorraine, mais on peut douter auec beaucoup
de raison que ceux qui ont eu, tant de part aux negotiatiõs
de M. de Montaigu, n’ayent quelque connoissance de celles du
Milord Germain, on peut sur prẽdre les esprits pour deux iours,
mais il est difficile de les aueugler pour long temps, on peut sur
des apparences friuoles, ietter des soupçons sur vn homme de
bien, on peut dire que M. le C. de Retz est tous les iours en
concert & en cabale, mais il n’est pas mesme necessaire de sçauoir
le particulier de sa conduite, pour ne pas ignorer que celles



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