Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652 [?]], LE VRAY ET LE FAVX, De Monsieur le Prince & de Monsieur le Cardinal de Retz. , françaisRéférence RIM : M0_4068. Cote locale : B_10_17.
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M. le Duc de Beaufort à se mettre promptement à la teste de
ses troupes, pour s’aller opposer sur les riuieres au passage du C.
Mazarin : M. luy commanda plus de vingt fois ; Il fit esperer de
iour en iour d’obeïr à cét ordre, il y manqua non pas à mon sens
par infidelité, mais par la peine qu’il auoit à se resoudre à quitter
Paris, & par le peu de iour qu’il trouuoit en son peu d’experience,
& dans son irresolution naturelle à executer ce qui luy
estoit commande. On se peut resouuenir que trois semaines
durant on attendoit dans Paris le iour de ce depart qui estoit
tous les iours publié par ses emissaires, & tout le Palais d’Orleans
est tesmoin de ce fait. Il partit enfin apres que le C. Mazarin
fut passe, & apres qu’il eut pris le peu d’argent que M. auoit en
ce temps la, il alla commander l’armée qu’il n’employa qu’a
ruïner le païs. Ce que le C. de Retz auoit predit à M. de sa conduite
se trouua vray par l’euenement. Il fit vne entreprise sur
Gyen petite place : mais d’importãce en ce tẽps pour le passage
du C. M. il la manqua pour n’auoir pas eu la preuoyance d’auoir
des Batteaux pour vne action qui se deuoit executer par la riuiere :
Il ne secourut pas Angers, le Duc de Rohan ne conuient
pas de ne luy en auoir pas donné le temps : il est constant que
les ordres de M. pour y aller estoient precis, & il est vray qu’ils
ne furent jamais changés, ce qui est de plus clair sur ce sujet est
qu’il eut vn dessein ridicule sur la Ville du Mans qui luy fit perdre
quelques iournées, il ne reüssit pas mieux aupres de Blois, Il
ne tint qu’a luy de pousser & de d’issiper peut-estre l’armée du
Mazarin. I’Incapacité qu’il tesmoigna dans toutes ces occasions
augmenta le mépris qu’on auoit des-jà pour luy : ce qui joint à sa
presomption luy attira cette auersion si generalle dans les troupes
de M. qu’elles n’ont pas esté capables d’entre prendre quoy
que ce soit sous sa conduite.

 

M. le Prince arriua en ce temps à Paris, & ses partisans publierent
qu’on ne uerroit plus de lenteurs dans les Conseils de
M. que l’on ne verroit plus, que de la force & de la vigueur dans
les resolutions, & en effet, toutes les apparences en estoient
belles, on voioit M. le Prince entrer dans Paris, auec les nouuelles
de l’aduantage qu’il venoit de remporter sur M. d’Hoquincour,
on voioit son armée composée de plus de dix-milles hommes
effectifs, toutes vieilles trouppes & qui ne portoient que
la victoire dans leurs estendars, les plus sensez iugeoient bien
que. M. le Prince apportoit à Paris les restes d’vne guerre, qu’il



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