Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652 [?]], LE VRAY ET LE FAVX, De Monsieur le Prince & de Monsieur le Cardinal de Retz. , françaisRéférence RIM : M0_4068. Cote locale : B_10_17.
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S. A. R. de qui les intentions sont si clairement conneuës à toute
l’Europe, que l’on ne les peut accuser sans vn crime, que l’on
peut appeller vne prophanation de la verité : M ne se declara-il
pas ouuertement dans le Parlement ? ne fit-ils pas vne protestation
publique, qu’ils ne consentiroit iamais à l’establissement
du Mazarin ; ne s’engagea t’il pas par des sermens si solemnels,
& si authentiques qu’il sembloit que cette letargie que nous
sentons dans nous mesmes, & qui est si fatale à cet Estat ne pouuoit
n’estre pas reueillée, par vn exemple si animé & si puissant
Le Parlement donna cét Arrest si celebre, par lequel la teste
du C. Mazarin a esté mise à prix ; Le peuple tesmoigna beaucoup
de chaleur, mais dans le fond a quoy se reduisirent les
secours que l’on donna à son A. R. Il ne trouua que des oppositions
à toutes les tentatiues qu’ils vouloient faire pour trouuer
de l’argent : Il ne trouua que de bons desirs accompagnes
de beaucoup de contrarieté, à tout ce qui estoit necessaire
pour les faire reussir : Il ne tint pas à M. le C. de Retz, que l’on
n’essaya au moins de forcer ces obstacles ; il proposa à S, A. R.
de faire vne Ordonnance, par laquelle il seroit enjoint à tous
les receueurs de ne se point dessaisir des deniers publics, que
par ses ordres, excepté de ceux qui seroient destinez au payemẽt
des Rentes de la ville : Il indiqua le fond qui estoit chez de Flandres,
montant à plus de huict cent mil liures : l’ordonnance fut
expediée & sur le point que son S. A. R. l’alloit signer, Goulas
esclaue de Chauigny, & accoustumé des long temps à trahir
son Maistre s’y opposa auec violence & auec des raisons apparentes,
qui furent soustenuës par M. de Longueil, & qui empescherent
S. A. R. de prendre sur ce suject la derniere resolution.
Ie n’aduance rien de vague, rien qui ne soit plus clair que le iour
qui ne soit prouué par le tesmoignage mesme de M. qui à regretté
vne infinité de fois de n’auoir pas suiui le Conseil du C.
de Retz en cette occasion.

 

Monsieur le Cardinal de Retz, iugeant par cette experience
& par quelques autres qu’il auoit fait qui estoient de la mesme
nature, qu’il y auoit des cabales secrettes, dont les vnes fauorisoient
la Cour, & les autres essayoient d’empescher que
Monsieur ne se rendit Maistre du party, & ne fust en estat de ne
pas receuoir la loy de M. le Prince, declara haute ment à M.
& à tous ceux qui voulurent l’entendre dans le Palais d’Orleans
qu’il se retireroit & ne se mesleroit plus d’aucunes affaires, si l’on



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