Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652 [?]], LE VRAY ET LE FAVX, De Monsieur le Prince & de Monsieur le Cardinal de Retz. , françaisRéférence RIM : M0_4068. Cote locale : B_10_17.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 11 --

que les passées. Ils font paroistre les intentions de M. le C. de
Retz par tous les moiens qui peuuent eclaircir celles des hommes ;
on n’en peut connoistre les desseins que par les actions,
ou par les interests, il n’est pas difficile de descouurir les interests
qui les peuuent faire agir, il n’est pas mal-aisé de penetrer leur
actions ; & pour ce qui est de la conduitte de M. le C. de Retz
nous n’auons qu’à examiner l’vn & l’autre de ces deux choses.

 

Et pour commencer par les interests, qui sont au moins selon
les regles de la prudence humaine, le principe le plus ordinaire
de nos actions. Ie remarque que le plus pressant de touts ceux
qui ait iamais pû toucher le C. de Retz est la perte du C. Mazarin.
Quelle confiance peut iamais prendre le C. de Retz à vn
Italien, qu’il à attaqué dans le plus grand esclat de sa puissance,
qu’il à pousse auec vne vigueur qui à tousiours resueillé & soustenu
la haine publique. Si M. le C. de Retz considere ses veritables
interests qui sont la conseruation de paris, & l’amour
des Peuples, auec lesquels il doit viure iusque au dernier souspir
de sa vie ; peut-il desirer la subsistance du Ministre, dont le nom
seul est fatal & à l’vn & à l’autre. Si M. le C. de Retz iette les
yeux sur le Ministere, & souhaite ce grand employ, le peut-il esperer
par la conseruation d’vn homme, que l’on peut dire estre
le maistre de la Cour, puisqu’il à la confiance de la Reyne ; pretend
il de partager vne chose, qui de sa nature est indiuisible
auec celuy, de qui il se professe en toutes occasiõs estre l’ennemi
capital : ses interests estants aussi contraires qu’ils sont à la subsistance
du C. Mazarin, pourroient sans contredit iustifier les apparences
les plus mauuaises, quel effect ne doiuẽt-ils point produire
dans les esprits qui n’en peuuent remarquer que de bonnes
pour peu qu’ils rendent de iustice à la verité.

Et pour eclarcir ce point, il faut examiner exactement le particulier,
de tout ce qui s’est fait depuis l’entrée du C. Mazarin
dans le Royaume, & i’aduouë que ie ne me puis empescher en
ce lieu, d’esclatter auec quelque aigreur contre ces ames noires
qui remplissent de poison les actions les plus innocentes ; qui
perdent le respect aux puissances, les plus legitimes dans le moment,
qu’elles sont les mieux intentionnées, qui ont porté leur
langues de viperes iusques au cœur de M. le Duc d’Orleans ;
Car enfin n’est-il pas que tropt veritable que tout ce que l’on à
dit contre M. le C. de Retz sur le peu d’effort, que l’on fit pour
s’opposer au retour du C. Mazarin retombe estrangement sur



page précédent(e)

page suivant(e)