Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1650], ADVIS IMPORTANT ET NECESSAIRE A MONSIEVR DE BEAVFORT ET MONSIEVR LE COADIVTEVR. , françaisRéférence RIM : M0_521. Cote locale : A_9_10.
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leur est suspecte, & qu’ils apprehendent que la suitte
ne vous en soit funeste.

 

La maniere, dont il a recogneu les grandes obligations
qu’il a à Monsieur le Prince, vous doit faire vivre dans une
perpetuelle défiance de sa lâcheté, & de son ingratitude ;
& vous devés craindre, qu’il ne voulût masquer du nom
d’amitié sa perfidie, afin de mieux surprendre vostre prudence ;
C’est une pernicieuse maxime de ceux de sa nation,
que ce fourbe met en usage dans les occasions les moins
importantes, c’est un piege qu’il tend à la facilité de ceux
de la nostre, & c’est le moyen qu’il a prattiqué pour se rendre
maistre de la liberté, & de la vie de son Protecteur.

L’année passée au mois de Septembre, lors que Monsieur
le Prince eut fait éclater le iuste ressentiment qu’il avoit
des remises, dont le Cardinal Mazarin se servoit, pour ne
point executer ce qui auoit été accordé sur la parole de son
Altesse à Monsieur de Longueville au Traitté de Ruelle :
Apres que, par les offres de service que vous fistes à son Altesse
en ce rencontre, vous eustes l’amitié, que les interests
differents des derniers inconvenients avoient en quelque
façon alterée. Ce Ministre prévoyant bien que cette reünion
seroit fatale à sa Fortune ; Quels artifices n’empolya-t’il
point pour vous diviser ? Ne fit-il pas offrir par un Mareschal
de France à Monsieur le President de Bellievre les
Seaux ? à l’vn de vous cent mille liures de rente en Gouvernements
de places considerables ? à l’autre l’Abbaye de
Corbie, & la nomination au Cardinalat, pourveu que vous
vous separassiez des interests de ce Prince, qu’il meditoit
de perdre au milieu de Paris, pour y restablir sa reputation
par vne entreprise si hardie ?

Cette genereuse perseverance que vous eustes, à ne vous
point détacher du service de Monsieur le Prince, obligea le
Cardinal Mazarin d’auoir recours à ses bassesses ordinaires ;
Par l’entremise de l’Abbé de la Riuiere il trouva chés Monsieur
le Duc d’Orleans l’apuy, qui soustint sa fortune chancellante ;



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