Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1650], ADVIS IMPORTANT ET NECESSAIRE A MONSIEVR DE BEAVFORT ET MONSIEVR LE COADIVTEVR. , françaisRéférence RIM : M0_521. Cote locale : A_9_10.
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qu’apres avoir long-temps attendu s’ils en seroient recherchez,
apres s’estre offerts, ils ont esté contrains par le mespris
que nous faisions d’eux, de prendre le party contraire ?
Enfin qu’a-t’il fait qui nous oblige à croire qu’il n’est pas le
mesme Mazarin, qui a porté la France sur le penchant de sa
ruïne ? Et vous pourrez souffrir qu’on dise de vous, que vous
estes ses amis, c’est à dire ses futures victimes ; Lors qu’il
croira pouvoir apaiser en vous sacrifiant les premieres tempestes
dõt il sera menacé, c’est le destin de ses bien-facteurs ;
c’est celuy de tous ceux qu’il engage malheureusemẽt dans
son amitié. Fatale amitié, qui vient d’estre cause que des
peuples ont souffert qu’au mespris des Declaratiõs du Roy,
pour lesquelles ils ont tant combattu, on aye fait au premier
Prince du Royaume vne violence qu’ils ne souffriroient
point en la personne du moindre citoyen : Ie sçay bien que
M. le Prince ayant commandé les troupes qui les avoient
assiegez, ils sont en quelque façon excusables, s’ils n’ont pas
eu pour luy toute la tẽdresse qu’ils ont témoigné pour ceux
qui les avoient deffendus. Mais qu’ils fassent vn peu de reflexion
sur ce qu’a fait cét illustre Malheureux ; lors que la
Reyne a creu qu’on vouloit opprimer l’authorité Royale,
elle s’est retirée à S. Germain, M. le Prince l’a suivie, c’est à
sa Majesté de justifier la suitte de cette sortie, M. le Duc
d’Orleans y consentit. Ce Prince à qui le Ciel a donné toutes
les lumieres necessaires pour le gouuernement d’vn
Estat, & qui par l’excez de sa bonté a si justement gagné les
cœurs de tout le monde. Il est certain que le Roy pour justifier
la resistance que les Parisiens ont fait à ses volontez, n’a
point voulu punir par cét emprisonnement l’obeïssance &
la valeur de M. le Prince, qui s’opposa si vigoureusement au
torrent des tumultueux mouvements de la ville capitale du
Royaume, dont l’exemple estoit d’vne si dangereuse consequence :
Mais si les peuples estoient assez credules, s’ils
estoient assez simples pour se les persuader ; & pour croire
que le Mazarin n’ait point esté le seul autheur de la resolution
que la Reyne prit d’emmener le Roy, de les assieger, &


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