Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1651], ADVIS DESINTERESSÉ SVR LA CONDVITE DE MONSEIGNEVR LE COADIVTEVR. , françaisRéférence RIM : M0_510. Cote locale : B_6_33.
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du Peuple, lors qu’il estoit abandonné, & qu’on faisoit
passer pour vn crime la conseruation des Loix de l’Estat.

 

Il n’eut pas si tost découuert la conspiration qui se formoit
contre Paris par toutes les puissances du Royaume,
qu’il chercha les moyens de le defendre. Il demeura au
milieu de nous pour courir la mesme fortune, & l’on
peut dire que sa vertu & sa generosité ne fortifierent pas
seulement nos esprits, elles esbranlerent mesme les plus
resolus du party contraire, & y jetterent enfin la deffiance
& le desespoir.

Quand les affaires furent accommodées, il rendit au
Roy ses respects & ses obeyssances. Mais bien que toute
la France eust deslors retourné à l’idolatrie, & sacrifié
comme auparauant au Cardinal Mazarin & à sa fortune,
il reuint luy seul de la Cour auec sa pureté. On ne pût
iamais l’obliger de rendre à Compiegne ; où il fut saluër
leurs Majestez, vne visite indifferente au Cardinal. Il ne
pût seulement souffrir son visage, c’estoit l’ennemy de
l’Estat.

Le Cardinal estant de retour dans Paris, & les interests
de Monsieur le Prince ne pouuant plus s’accommoder
auec ceux de la Cour : Tout le monde sçait auec quelle
franchise Monsieur le Coadjuteur s’engagea auec luy
pour destruire cet infame Ministre, & que si Monsieur le
Prince ne se fust point reconcilié il auroit luy-mesme defait
le corps & non pas l’ombre, qu’il poursuit à present
auec tant de pompe & de parade.

Les Princes ayant esté emprisonnez, il n’y auoit plus
que Monsieur le Duc d’Orleans qui pouuoit défaire cét
ennemy commun. La conioncture des affaires & ses interests
particuliers pouuoient balancer son esprit. Neantmoins
Monsieur le Coadiuteur ayant eu l’honneur d’approcher
son Altesse Royale, il mesnagea si bien cét ouurage,
que Monsieur le Prince y a trouué sa liberté, &
toute la France la perte & la ruine de son ennemy.

Neantmoins comme si ces illustres & glorieuses
actions, qui ont eu tant de fois l’aplaudissement des Peuples,
estoient à present des songes, il s’est eleué vne nouuelle



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