Nous deuons aussi employer tous nos soins pour obtenir
au commencement de la Majorité vne Chambre de
Iustice composée des plus seueres Magistrats du Royaume,
& qu’on y confisque sans distinction le corps & les
biens de ceux, qui ont si insolemment volé le Roy & le
public.

On dit que Monsieur le Prince nous promet toutes ces
belles choses.

Le secours de Monsieur le Prince n’est point necessaire
pour cela. Il ne nous faut point tant de Chefs. Nous deuons
nous ressouuenir que nous auons pense perir dans le
blocus de Paris pour auoir trop de Generaux. Les interests
des grands sont bien differens de ceux du peuple.

Et de faict, ayant leu auec attention la Response de
Monsieur le Prince à l’Escrit du Roy, il semble qu’il demande
toute autre chose, il y a vn endroit qui peut iustement
augmenter nos deffiances. Il proteste qu’il n’entrera
point au Palais Royal, qu’il n’ira point à la Cour, tant
qu’on mettra des gens dans le Conseil contre son consentement.

Si ie ne sçauois que cet article a esté mis dans la Response
de Monsieur le Prince contre le sentiment d’vne
personne d’erudition & de merite, ie croirois que ce seroit
vne augmentatiõ de l’imprimeur, ou de celuy qui l’auroit
descrite. Monsieur le Prince n’entrera point dans le Conseil
tant qu’on y mettra des gens contre son consentement. C’est
donc tout de bon, (comme a dit son premier Manifeste)
que Mr le Prince veut estre auiourd’huy luy seul l’Arbitre
& le Moderateur de l’Estat. Cette protestation est vne
irreconciliation jurée auec la Cour Tellemẽt que si nous
entrons dans ses interests, quelque bon Conseil que le
Roy choisisse à sa Majorité, & quãd il prendroit les plus
gens de bien du Royaume, il faudra nous y opposer auec
Mr le Prince, & nous priuer ainsi d’vn bien que nous attendons
auec tant d’impatience, & sans lequel l’authorité
s’en va perduë, & peut-estre la Monarchie.

Peut il estre auantageux pour nous d’authoriser les
clameurs de certaines petites gens qui ne demãdent que