Figvire,? de [1649], LES DERNIERES PAROLES DE MONSIEVR DE SAINT CHAMOND, DECEDÉ EN SON HOSTEL A Paris, le 10. de Septembre 1649. aagé de soixante & trois années. Auec vn fidel Recit des belles actions de sa Vie. Par le sieur de FIGVIRE. , françaisRéférence RIM : M0_1035. Cote locale : C_6_53.
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sa derniere benediction ; ce sut alors que chacun des
assistans commença à pleurer, ni plus ni moins que si
chacun eust perdu son propre pere. Escoutez les paroles
de ce pieux & genereux agonisant enuers ce cher fils,
poussees plustost par le vent du sainct Esprit, que par la
tendresse de la Nature : Prenez garde, mon fils à ma mort,
& faites en vostre profit, & soyez asseuré que si vous viuez
comme i’ay vescu, vous mourrez comme ie meurs. Sur cela
auec vn visage qui paroissoit different de ceux qui meurent
auec quelque regret, il demanda quel iour il estoit ?
& comme on luy eust respondu que c’estoit le Vendredy,
il profera ces paroles d’vne voix assez articulée : Helas
mon Dieu ! moderez ma joye, ie crains de mourir dans les delices,
voyant qu’à la faueur que ie vous demande de sortir
bien-tost des miseres de ce monde, vous adjoustez la grace de
me faire mourir le mesme iour que mon Maistre. Apres quoy
il ne dist autre chose, sinon que : Bon Dieu ! que ie vous ay
d’extremes obligations, puis qu’en augmentant mon contentement,
vous augmentez encore mes forces ! Et en disant Ie sus
Maria, ie suis à vous, il expira.

 

Ainsi mourut Monsieur de Sainct Chamond, grand
en courage, plus grand en prudence, & tres grand en pieté,
le dixiesme de Septembre de l’année 1649. iour du
Vendredy, à 8. heures du soir plus, proche de la fin de son
grand Climaterique, circonstances, qui jointes à vne bonne
vie & à vne meilleure mort, nous font croire pieusement
qu’il ne doit auoir perdu que la moitié de son nom,
estant vne chose tres-juste que celuy qui ne trauailloit
qu’à la paix, tant pour le general, que pour le particulier,
repose en paix.

Il a laissé cinq enfans de Madame de Tournon, à present
à Sainct Chamond, également heritiers de ses biens
& de ses vertus : L’aisné c’est Monsieur le Marquis, vn
des plus genereux Seigneurs de ce Royaume, marié
à la sœur de Mr le Duc de Grammont : Le deuxiesme, c’est
Mr l’Abbé : Le troisiesme, c’est Monsieur le Marquis de
Montpezat, qui dãs son orient promet de merueilles. Ensemble



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