Figvire,? de [1649], LES DERNIERES PAROLES DE MONSIEVR DE SAINT CHAMOND, DECEDÉ EN SON HOSTEL A Paris, le 10. de Septembre 1649. aagé de soixante & trois années. Auec vn fidel Recit des belles actions de sa Vie. Par le sieur de FIGVIRE. , françaisRéférence RIM : M0_1035. Cote locale : C_6_53.
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tout où le Roy l’honnoroit de ses Commandemens, on
ne voyoit que d’agreables desordres, on n’entendoit que
des cris heureux, & de bon augure des peuples, que les
illustres Conquerans affectent plus que les Empires :
c’est la cause pourquoy tout le monde l’aimoit, comme
le bon-heur dans sa source, puis que toutes les fois qu’on
entendoit sa diuine voix, on attendoit la paix tant desirée.
Et comme il n’y a point de Loy qui ne nous commande
de louer les grandes actions, dont nous sommes
les tesmoins, ie me donneray la liberté de dire ce que
cette illustre personne fit en Prouence, où il accorda
auec vne adresse si delicate, tant de diuers partis ; vnist
tant de differentes ligues, ménagea tant de contraires
interests ; diuertist tant de passions opiniastres, adoucist
tant d’esprits de vengeance, reconcilia tant d’ennemis
couuerts, facilita tant de reparations d’honneur, abolist
les injures passées par vne amnistie si Chrestienne, que
d’vne Prouince troublée & diuisée, il en fit vne maison
de paix & d’vnion. Ce qui est arriué depuis dans la mesme
Prouince, ne confirme-il pas la verité de ce grand
personnage, qui aimoit mieux dix hõmes semblables au
sage Nestor, que mille au genereux Achilles ; & nous fait
iuger de la perte d’vne persõne si precieuse & si necessaire
au bien de l’Estat : ie pourrois rapporter quantité de
pareilles actions, & neantmoins ie n’en rapporterois pas
la moitié, puis que celles que nous sçauons ne font pas
la centiesme partie de celles que nous ne sçauons pas,
estimãs que comme Dieu auoit donné le moyen à luy seul
de faire toutes ces grandes actions, à luy seul il auoit
donné le moyen de les faire sçauoir.

 

Que si nous tournons la medaille, & que nous nous le
representiõs à la teste d’vne armée, sans doute que nous
trouuerons que c’est toûjours le mesme, & que ses seruices
ne nous ont pas esté moins vtiles dans les fonctiõs de
la guerre, que dans la conduite des peuples, & dans les
Ambassades ; & que soit à la campagne, soit au cabinet,
il estoit également redoutable aux ennemis de la France



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