Figvire,? de [1649], LES DERNIERES PAROLES DE MONSIEVR DE SAINT CHAMOND, DECEDÉ EN SON HOSTEL A Paris, le 10. de Septembre 1649. aagé de soixante & trois années. Auec vn fidel Recit des belles actions de sa Vie. Par le sieur de FIGVIRE. , françaisRéférence RIM : M0_1035. Cote locale : C_6_53.
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enuoyoit vne puissante Armée par la Franche-Comté,
qui nous eust obligé de ne plus attaquer & de nous bien
defendre, de sorte que le sieur de S. Chamond fust en cette
occasion la cause principale de nos Conquestes, & de la
conseruation de la France. En effect, la retraitte du Chancelier,
l’oracle de sa Nation & le grand mobile de la Suede,
estoit capable de perdre entierement nostre party en
Allemagne, si le bon heur de la France n’eust conduit
miraculeusement ce grand Homme au mesme lieu que le
Chancelier auoit choisi pour son embarquement : mais il
luy representa auec tant d’energie la beauté de la gloire,
que picqué d’honneur, il promit de ne partir de six semaines
d’Allemagne, qu’il estoit neantmoins impossible de
remettre son party, & se retira là dessus : Quant aux reuoltes
contre Banier, la ciuilité de ce pieux Courtisan qui
n’a iamais maqnué de ramener les plus reuesches, leur representa
si agreablement la breche qu’ils feroient à leur
honneur, & les taches dont ils noirciroient la gloire de
tant de batailles gagnées, qu’enfin touchés & conuaincus,
ils luy promirent de ne point quitter les interests de
la France ny de ses aliez, pourueu qu’il sut leur General,
ce qu’ayant accepté de tres bonne grace, & auec cette
franchise de cœur qu’ils estiment la plus haute de toutes les
vertus, il choisist le Baron de Thureng pour son Mareschal
de Camp, comme celuy qu’il sçauoit leur estre plus
agreable & plus affectionné à nostre party, qui d’abord
les conduisit en Vvestphalie, où ils commencerent la
guerre contre les Imperiaux, qui sortirẽt tant de gens qu’ils
peurent de leurs Garnisons pour les combattre : mais il furent
défaits, & nous rapportasmes vne victoire entiere le
premier iour de l’an 1635. de sorte, que cõme c’est vne loy
qui n’est que trop grauée dans l’esprit des hommes, d’aymer
leur interests particuliers, & d’estre du party des conquerans.
Les Princes de l’Empire qui auoient fait quelque
difficulté de receuoir ce grand Homme dans leurs Estats,
luy enuoyerent offrir tout ce qui dependoit d’eux : quant
aux obstinez au party de l’Empereur, les vns se declarerent


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