F. de S. (Dom) [signé] [1650 [?]], MANIFESTE OV NOTABLE discours que Dom. F. de Silves cy-deuant Ministre d’Estat du Roy Catholique, a fait à tous les peuples d’Espagne, & particulierement à ceux qui gouuernent à present les affaires de cette Monarchie, touchant l’Eslection du Souuerain, qu’ils doiuent auoir, aprez la mort de leur Roy. Traduit d’Espagnol en François. , françaisRéférence RIM : M0_2397. Cote locale : B_19_34.
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s’il estoit assez puissant pour nous vanger de
tous les ennemis qui nous persecutẽt. Mais comme
ce la luy est impossible, il me semble qu’on
n’y doit pas songer en aucune sorte.

 

Ie n’ignore pas encore l’extreme passion que
l’Archiduc Leopold doit auoir pour nostre Illustre
Princesse, ny mesme le dessein que la plus
part de la Noblesse à de ne la donner qu’au Duc
de Medina seigneur Espagnol, pour ne pas mettre
le Sceptre entre les mains estrangeres, & pour
n’auoir riẽ à demesler auec vne personne qui leur
pouroit estre suspecte : mais toutes ces considerations,
Messieurs, ne sont pas, s’il me semble, assez
puissantes pour nous obliger vnanimemẽt tous,
vouloir contraindre les intentions de nostre Princesse,
afin de la porter à faire ce qu’elle ne doit pas
à son esgard, ny mesme à exposer le biẽ de l’Estat
& le repos de la Patrie aux funestes sentimens des
vns & des autres.

L’Empereur qui ne songe qu’à remettre l’Empire
dans son acienne splendeur ; nous tiendra
tousiours en guerre auec toutes les nations de la
terre : espuisera toutes nos finances & depeuplera
toutes nos Prouinces (qui ne sont desia que
trop depeuplees) d’vn milion d’hommes, si necessaires
à cet Estat, & de qui nous auons incomparablement
bien plus besoin que de toute autre
chose. Et pour comble de nostre malheur, nous
n’aurions iamais, apres ce là, ny plaisir, ny contentement,
ny repos, qui sont des tresors & des



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