Dubosc-Montandré, Claude [?] [[s. d.]], L’ANATOMIE DE LA POLITIQVE DV COADIVTEVR FAITE PAR LE VRAYSEMBLABLE SVR LA CONDVITE DV CARDINAL DE RETS, où son Autheur donne à connoistre, I. Que ce Cardinal n’est innocent, que parce qu’il soustient que ses crimes sont plus cachez que ceux des autres. II. Que ce Prelat n’est Religieux, que parce qu’il a l’adresse de se déguiser souz le voile de l’hypocrise. III. Et que sa conduite est Pharisienne, c’est-à-dire, apparemment innocente, en effet coupable. Les Vray-semblances du Vray-semblable sont en suite comatuës l’vne apres l’autre, par des euidences qui iustifient tous les bruits qui ont couru contre le Cardinal de Rets. , françaisRéférence RIM : M0_83. Cote locale : B_10_23.
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desia puissamment vray semblable que le Card. de
Retz est ce pretendu criminel, puis que cela n’est
que trop authorisé par tous les sentimens publics,
il faut tacher de mettre le contraire dans vn si beau
iour, que tout le monde y puisse facillement voir
l’erreur de sa premiere creance, & qu’on ne puisse
plus refuser de s’y soumettre sans opiniastreté.

 

Mais de pretendre qu’vne ie ne sçay quelle vray
semblance fondée sur des petites intrigues d’escole,
doiue renuerser celle qu’on fonde plus raisonnablement
sur les sentiments communs, qui ne
sont presque iamais, ou qui sont du moins, moins
rarement sujets à l’erreur ; ie ne sçay si ce n’est pas
extrauaguer, ou s’il ne faut point plustost croire
que ceux qui bastissent leurs esperances sur vn si
foible auantage, sont preocupez de quelque maistresse
passion, qui ne leur permet pas de considerer
les affaires, qu’en la posture, ou elle voudroient
bien qu’ils fussent.

Ainsi ie conclus qu’il ne resulte autre chose de
tout le raisonnement du vray semblable, si ce n’est
que le Cardinal de Retz est innocent, par ce que
ses maluersations ne sont pas connuës dans toutes
leurs particularitez ; qu’il n’est Religieux que parce
qu’il à l’adresse de se déguiser sous le voile de l’hypocrisie ;
& qu’il n’est méchant que par ce qu’estant
Prelat il est vray semblable, qu’il vit en homme
de bien.



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