Du Pelletier, Pierre [1649], LETTRE D’VN PRINCE ANGLOIS ENVOYÉE A LA REYNE D’ANGLETERRE. Sur les affaires presentes du Royaume, pour l’attentat commis en la personne de son mary. Traduite par le sieur du Pelletier. , françaisRéférence RIM : M0_1892. Cote locale : A_5_50.
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les demy-Dieux de leurs courtisans, & la crainte
de leurs aduersaires. Vous sçauez que la vie n’est
pas vne chose importante, puis que les moindres
creatures viuent, & que c’est beaucoup de
mourir de la bonne sorte. Mais il me semble que
i’entens V. Majesté qui me dit que legẽre de son
tres pas vous estonne, & que vous le seriez bien
moins s’il estoit mort dans vn champ de bataille,
comme le grand Gustaue, ou dans son lict
comme Louis le Iuste. Ie vous auoüe, Madame,
qu’en quelque estat que la mort paroisse
elle est tousiours épouuantable, & toutefois
vn ancien vous dira qu’il luy importe peu de
mourir tout entier ou par pieces. Mais peut estre
que cette pensée est vn peu trop stoïque pour
uous, dans le funeste estat où vous estes, & que
ce genereux qui a braué la mort ne sera point à
vostre goust, puis qu’il condamne vostre ressentiment,
& que ce que vous appellez iuste deuoir
passe chez luy pour vne foiblesse. Pour adiouster
quelque chose à cette pensée, que vostre
Majesté se souuienne, s’il luy plaist, que ce n’est
pas aujourd’huy que ce bon Prince est mort,


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